Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 25 mai 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Je voudrais faire deux réserves concernant votre intervention. Mais premièrement, pour qu'il n'y ait aucun malentendu, sachez que je suis convaincu de votre utilité et surtout de l'excellent travail que vous faites sur les mines anti-personnel.

Vous avez entièrement raison, il y a deux évolutions dans la législation, dont une pause véritablement problème : législation contre le terrorisme et les « financements étrangers » des ONG.

Soyez honnête, en 1950, si on voulait déstabiliser un pays, on envoyait les espions, à la rigueur des mercenaires. Aujourd'hui, on finance les ONG. Même les États-Unis ont reconnu, comme d'autres puissances occidentales, que dans les révolutions de couleurs en Europe de l'est, les ONG avaient joué un rôle évident. Il y a un vrai problème d'éthique des ONG. La question qu'il faut se poser est : est-ce que les ONG peuvent intervenir sur tout, avec une légitimité supérieure et une participation très directe dans tous les débats.

J'ai vécu la Révolution orange en 2002 en Ukraine, où une fondation américaine distribuait des billets aux manifestants. Est-ce que c'est le rôle d'une ONG ? Est-ce que l'on peut comprendre que certains États disent qu'il faut arrêter les financements étrangers ? J'ouvre une parenthèse, en France, on est choqué qu'un parti politique ait pu avoir des financements, un prêt bancaire plus précisément d'une banque étrangère. Inversement, on devrait trouver normal que dans d'autres pays, des ONG interviennent réellement et durablement dans le débat politique. Je pense qu'il y a une sorte de définition à faire, autrement dit, à quel moment on est une ONG et à quel moment on devient un acteur politique. Sinon effectivement, les législations « anti-ONG » vont se multiplier et ce serait abusif.

Deuxièmement, je vous dis très honnêtement que votre présentation sur la Syrie a été absolument déséquilibrée. Je ne soutiens pas le régime du Président Assad, je suis conscient des atrocités de son régime. Néanmoins, je souhaiterais entendre un mot sur les atrocités du camp adverse. Vous avez parlez à deux reprises des hommes d'opposition. Les atrocités sont des deux côtés. Vous n'avez pas dit un mot sur DAESH, ni sur Jabhat al-Nosra, ni sur les violations des droits des femmes. Il y a quand même un moment où une présentation doit être directe et pas seulement le relais d'une politique d'un État.

J'aurais aimé savoir, quelles sont vos sources sur la situation en Syrie. Est-ce qu'on aura des éléments d'enquêtes sérieuses pour ensuite établir les responsabilités une fois la paix établie ? Est-ce que vous avez d'autres sources que l'Observatoire syrien des droits de l'homme ? Un Observatoire, financé par le Qatar, qui fait un travail très partial.

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