Nous n'y serions pas opposés, effectivement. Certes, c'est une pression exercée sur les ouvriers, une contrainte, mais je pense que cela va plutôt dans le bon sens.
Personnellement, je suis favorable à la mise en place d'un comité d'éthique. J'établirai un parallèle avec les comités d'éthique dans le domaine de l'expérimentation animale qui ont permis de réaliser de nombreux progrès en la matière. Je suis spontanément tenté de penser que le parallèle devrait pouvoir jouer, même si cette question n'a pas fait l'objet de débat avec mes fameux référents dont je vous parlais tout à l'heure.
Je suis en revanche très réservé s'agissant de la compétence des opérateurs en bien-être animal. Je pense que l'État doit continuer à disposer de ses missions régaliennes, en matière de sécurité sanitaire des aliments, mais aussi en ce qui concerne le bien-être animal. Il faut donner la possibilité à des inspecteurs de santé publique vétérinaire d'être présents dans les divers postes de l'abattoir et de pouvoir effectuer leur mission. Notre société, qui a les yeux braqués sur cet aspect, comprendra facilement que les contrôles font partie des missions régaliennes de l'État.
Je laisserai M. Perrin s'exprimer sur la rémunération des vétérinaires dans les abattoirs.
Vous nous demandez quelles sont nos relations avec les associations de protection animale. L'Ordre, qui représente l'ensemble des vétérinaires du secteur privé de France, a vocation à entretenir des relations avec les diverses organisations qui ont un lien direct avec l'animal, qu'il s'agisse des organisations professionnelles agricoles ou des associations de protection animale. En tant que vétérinaire praticien, j'avais spontanément adhéré à l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs, bien avant de me voir confier des missions ordinales et bien avant que cette association soit présidée par un vétérinaire. Le vétérinaire praticien rural que je suis, qui a exercé son activité au coeur du Charolais, avait pris conscience que les éleveurs eux-mêmes étaient très attachés à la protection animale.
Rappelons toutefois que la mission des vétérinaires répond historiquement à un objectif de sécurité alimentaire : il ne s'agit donc pas de remettre en cause le fait de consommer de la viande. La position de l'Ordre des vétérinaires est celle du respect de l'animal ; on doit lui éviter toute souffrance. Cela étant, nous sommes loin de la position des antispécistes. Il ne faut pas se tromper sur le sens de ces « reportages », de ces captures d'images faites de façon cachée à l'insu des personnes, et dont l'objectif est d'amener la population à renoncer à la consommation de viande animale. Nous ne sommes pas du tout sur cette ligne. Il s'agit pour nous de respecter l'animal, ce qui est une façon de se respecter en tant qu'homme.