Intervention de Michel Baussier

Réunion du 2 juin 2016 à 10h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Michel Baussier, président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires de France, CNOV :

Je vais intervenir sur les deux ou trois premières questions, laissant à M. Perrin le soin de répondre aux questions plus techniques qu'il connaît mieux car il a l'expérience du travail en abattoir. Pour ma part, j'ai une expérience de praticien, mais je n'ai jamais eu de mission en abattoir, contrairement à certains de mes collègues associés qui y participent régulièrement.

Non, l'étourdissement n'est pas déjà la mort. Du reste, il est question d'étourdissement réversible. Nous sommes de formation scientifique. Notre réflexion se fonde sur les recherches qui ont été menées, notamment par l'Institut national de la recherche agronomique, (INRA). Ce qui compte, pour nous vétérinaires, c'est la perte de conscience. Nous connaissons nous-mêmes l'expérience de la perte de conscience à chaque fois que nous subissons une anesthésie…

Je veux insister fortement sur le fait que nous avons pris position sur la nécessité d'une perte de conscience. Mais je veux y insister : jamais l'Ordre des vétérinaires, institution de la République qui respecte parfaitement la laïcité, n'a remis en cause les rites et les abattages rituels. Je n'ai jamais prononcé ce terme de remise en cause de l'abattage rituel. Du reste, les rites ont évolué au cours de l'histoire : la religion juive, par exemple, est l'une des trois religions du Livre qui s'est le plus préoccupée, dès l'origine, de la protection de l'animal. Il s'agissait de faire en sorte d'atténuer au mieux la douleur. Ensuite, l'évolution des connaissances, de la science est telle que le rite peut évoluer dans ses modalités, sans que pour autant les fondements mêmes de la religion soient remis en cause. C'est en cela que nous sommes intervenus.

S'agissant de l'islam, nous constatons que les modalités sont extrêmement variables dans le monde. Je connaissais bien l'un des vétérinaires inspecteurs de l'abattoir d'Autun : le sacrificateur exigeait l'étourdissement préalable… Ce n'est pas forcément ce que l'on entend dire en haut lieu. Mais, sur le terrain en tout cas, le sacrificateur exigeait, pour des raisons qui lui sont propres, que l'animal soit étourdi.

Non, l'étourdissement, ce n'est pas la mort. Mais, je le répète, l'Ordre des vétérinaires, qui est une institution républicaine laïque, n'a jamais remis en cause l'exercice des cultes. Je le revendique très fortement.

Il n'y a pas très longtemps, à l'occasion d'un déjeuner-débat sur les questions d'éthique autour de l'expérimentation animale, je me suis retrouvé assis en face d'une journaliste très impliquée dans la protection animale. Elle parlait d'euthanasie préalable à l'abattoir… Cela montre bien la grande confusion qui peut exister dans l'esprit du public. On n'injecte pas une substance à un animal que l'on va immédiatement consommer !

Je n'ai pas compris, monsieur Pellois, votre allusion aux vétérinaires canins…

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