Le groupe socialiste et moi-même sommes très heureux, monsieur le ministre, que vous occupiez ce poste et que vous soyez ministre de plein exercice.
La commission des Lois ne compte que trois élus ultramarins – M. Édouard Fritch, M. Daniel Gibbes et M. Alfred Marie-Jeanne. Peut-être faut-il y voir le signe que les problématiques majeures des outre-mer sont désormais moins de nature institutionnelle que d'ordre économique et social. C'est en tout cas ce qui ressort de votre ouvrage très riche, Lettre ouverte à mes compatriotes de l'Hexagone, dont vous avez pu vous inspirer au cours des premières semaines de votre mission.
Du point de vue de notre groupe, l'héritage des gouvernements de droite est lourd. La multiplication des lois et des conseils interministériels, le concept de développement endogène – qui a été dévoyé et s'est traduit par un désengagement massif de l'État – ne sont pas parvenus à masquer la réalité : un chômage qui explose, en particulier chez les jeunes ; des conditions de logement dégradées, la question du logement social et de son financement demeurant en suspens ; une économie locale souvent en berne ; un salaire médian inférieur de moitié à celui de la métropole et, partant, un pouvoir d'achat détérioré. Ce contexte de vie chère, voire inabordable pour le plus grand nombre, a mis le feu à nombre de nos territoires ultramarins ces dernières années, sans que les multiples conseils interministériels, missions, réunions, rapports ne semblent avoir apporté de réponse satisfaisante.
En particulier, rien n'a été fait pour sortir ces territoires d'une « économie de comptoir » d'un autre temps, où les pratiques – monopoles, oligopoles, abus de position dominante, rentes de situation, importations excessives par rapport aux capacités de production locales – conduisent à des prix exorbitants, insupportables pour les populations locales, qui dissuadent tant le développement économique que le tourisme, et inhibent les échanges avec les pays voisins, qui devraient pourtant constituer des marchés naturels pour leurs productions.
Quelles initiatives envisagez-vous de prendre pour inverser cette tendance et lutter contre la vie chère ?
Surtout, comment comptez-vous mobiliser l'État, les collectivités territoriales, les entreprises installées outre-mer pour redonner espoir aux jeunes de ces territoires ? Comment mieux assurer les débouchés pour ceux qui se sont formés en métropole ? Comment aider ceux qui souhaitent lancer des projets localement mais voient se fermer la porte des établissements de crédit ?
Nous connaissons votre ardeur et votre capacité d'innovation. Comment entendez-vous mettre en oeuvre les trente engagements du Président de la République pour les outre-mer ?
Nous nous réjouissons de la création d'une délégation aux Outre-mer au sein de notre assemblée et espérons que nous travaillerons en bonne intelligence avec nos collègues du Sénat. Elle constituera une plateforme d'échange essentielle entre nous.
Les outre-mer souffrent de l'incompréhension d'un trop grand nombre de nos compatriotes. Ils doivent sortir de ce ghetto. Le dialogue est indispensable pour atteindre les objectifs de solidarité et d'égalité que nous nous fixons.
L'attention et le soutien de la majorité présidentielle vous sont acquis, monsieur le ministre. Nous attendons avec impatience votre communication prochaine en conseil des ministres et espérons que vous pourrez faire quelques annonces anticipées devant cette Commission dans les jours qui la précèderont.