Intervention de Olivier Roussat

Réunion du 7 juin 2016 à 16h15
Commission des affaires économiques

Olivier Roussat, président-directeur général de Bouygues Telecom :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, j'étais intervenu devant votre commission en février 2012, quelques semaines après l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile en France, alors que nous affrontions un fort séisme. Que s'est-il passé depuis quatre ans et demi ? Nous avons réalisé au sein de Bouygues Telecom une assez profonde restructuration qui s'est traduite par la suppression d'environ 2 000 emplois directs auxquels s'ajoutent un certain nombre d'emplois indirects. Cette restructuration nous a permis de faire repartir notre croissance et de rétablir les fondamentaux économiques de l'entreprise. Nous venons donc de fêter nos vingt ans, le week-end dernier, en bonne santé économique – nous avions lancé notre offre de téléphonie mobile le 29 mai 1996.

Notre chiffre d'affaires du premier trimestre 2016 est en hausse de 6,4 %, ce qui détonne un peu parmi les résultats des opérateurs, qui subissent encore des pressions importantes. Le chiffre d'affaires du mobile, après vingt trimestres consécutifs de baisse, est reparti à la hausse pour revenir au niveau qui était le sien au début de l'année 2010. Ces résultats sont la traduction de l'arrivée de 240 000 nouveaux clients pour le mobile, et 71 000 clients supplémentaires pour le fixe.

Lorsque nous sommes arrivés sur le marché en 1996, Martin Bouygues nous avait assigné la mission de rendre la téléphonie personnelle accessible. Nous avons inventé le forfait, et nous avons accompagné le développement de la téléphonie mobile avec, par exemple, les offres groupées - ou bundle -, et la simplification de l'accès à de nombreux services. Aujourd'hui, notre mission principale évolue. Elle consiste désormais à apporter l'internet au plus grand nombre au meilleur prix, car nous pensons en effet qu'internet change profondément la société. Cette mission trouve trois traductions en termes stratégiques.

Nous avons tout d'abord été les premiers en France à lancer la 4G avec, dès le départ, une couverture significative qui atteignait 63 %. Cela a entraîné un mouvement sur le marché français et obligé son leader, Orange, à mettre les bouchées doubles pour parvenir à nous dépasser. Nous avons donc permis d'enclencher un mouvement de couverture 4G. Aujourd'hui, nous sommes à la deuxième place pour l'étendue de notre couverture, mais nous restons le référent 4G en termes de débit disponible.

Nous avons ensuite souhaité, il y a deux ans, rendre l'internet plus accessible, notamment aux plus modestes, en introduisant une offre à 20 euros, alors que depuis de nombreuses années il n'existait que des offres à 30 euros. Nous avons permis une démocratisation de l'accès au fixe.

Nous avons, enfin, créé une filiale, Objenious, qui utilise la norme LoRa, technologie développée par Cycleo, une société française, afin de connecter, d'« internetiser », les objets, car nous croyons que ce secteur est porteur d'une grande révolution qui changera profondément nos façons de travailler.

Je reviendrai ultérieurement sur ce qui s'est produit au début de l'année lors des discussions entre les quatre opérateurs, car il ne s'agissait pas d'un dialogue avec Orange uniquement. Nous considérons que le marché est durablement un marché à quatre opérateurs, et notre priorité est de poursuivre à investir dans le mobile pour renforcer encore notre couverture du territoire.

En matière d'internet mobile, nous avons pour cela réalisé un partage d'infrastructures avec SFR, ce qui nous permet d'apporter la 4G beaucoup plus loin : 82 % de la population sera éligible à la fin de l'été, et 99 % de la population le sera en 2018. Nous serons donc bien au-dessus des engagements que nous avions pris lorsque nous avions souscrit aux fréquences 800 et 700 mégahertz (MHz).

Nous investissons également dans le fixe, domaine dans lequel nous sommes entrés bien après nos concurrents. Nous finissons d'investir dans l'ADSL, mais l'heure est au développement de la fibre optique. Nous avons co-investi avec SFR dans les zones très denses et, avec Orange, dans les zones moyennement denses. L'une de nos filiales, Axione, intervient dans les réseaux d'initiative publique (RIP). Cette année, nous commercialiserons ses offres dans les départements qu'elle couvre en fibre optique avant de commercialiser les offres de RIP de ses compétiteurs.

En termes d'investissements, nous voulons aussi être au rendez-vous s'agissant des zones blanches. Notre histoire montre que nous agissons en parfaite conformité avec les engagements que nous prenons. Nous tiendrons nos engagements.

Après l'investissement, l'innovation constitue pour nous un autre domaine essentiel. Nous devons en particulier favoriser l'émergence des nouveaux métiers qui apparaissent avec l'exploitation des données et le big data. Cela ne manquera pas de susciter l'intervention du législateur, car il y aura besoin de prévoir quelques structures pour ces activités qui peuvent créer beaucoup d'opportunités, et qui sont très positives pour notre pays.

En matière d'innovation, nous avons aussi fait le choix d'une box complètement ouverte avec Android, afin que l'ensemble des foyers puisse utiliser les nouvelles technologies, quelles qu'elles soient. Notre approche n'est pas du tout fermée ; nous sommes même résolument l'acteur le plus ouvert actuellement en termes d'évolutions technologiques, et nous sommes aux antipodes de l'approche de certains de nos concurrents qui développent des stratégies de contenu – bien qu'une chaîne comme TF1 fasse partie de notre groupe. Nous considérons que le monde doit être ouvert, et qu'il n'y a pas lieu d'imposer des approches fermées en termes de contenus. Nous estimons que nos clients doivent avoir le choix, et qu'en aucun cas, il ne nous appartient de leur dire ce qu'il faut regarder à la télévision, ni quelle presse ou quel livre il faut lire. Nous sommes par exemple totalement ouverts s'agissant de la musique : nous avons signé un contrat avec Spotify, le leader mondial de la musique en streaming car nous considérons que c'est la solution qui permet au client d'avoir le plus de choix possible.

Après que l'entreprise a été particulièrement fragilisée pendant quatre ans, l'inflexion de notre chiffre d'affaires depuis le mois d'août de l'année dernière, et les résultats du premier trimestre de cette année, montrent que nous sommes maintenant « guéris ». Nous poursuivons l'aventure en réservant plus que jamais de nombreuses innovations à l'ensemble de nos concitoyens, et en ayant une approche un peu différente de celle de nos concurrents puisque nous avons la volonté, comme vous le constaterez de façon très concrète dans les mois à venir, de démocratiser encore davantage l'internet très haut débit qui change structurellement la vie de nos concitoyens.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion