Chaque année, des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des adolescents et des jeunes adultes, quittent les îles des Comores pour rejoindre la France au péril de leur vie. Les traversées sont en effet dangereuses, comme le montre la tragédie du 13 juillet dernier, au cours de laquelle sept personnes, dont quatre enfants, ont trouvé la mort, six autres étant portées disparues après le chavirage d'une embarcation au large des côtes mahoraises. Ce bras de mer est devenu l'un des plus grands cimetières marins au monde, puisque l'on estime à plus de 7 000 le nombre de morts et disparus depuis dix-sept ans, dans une indifférence quasi générale.
Ce nouveau drame maritime relance la question des flux migratoires vers Mayotte. Comment en est-on arrivé là ? Ces barques de fortune, où s'entassent jusqu'à cinquante personnes, ont fait leur apparition après le 1er janvier 1995, date d'instauration du visa destiné à réglementer la circulation entre l'archipel des Comores et Mayotte. Cette décision, qui intervenait après des siècles de libre circulation entre les îles, s'est aussi accompagnée d'un verrouillage des frontières pour les marchandises.
Une telle politique, combinée avec celle du chiffre que le Gouvernement Fillon a conduite sur l'immigration, explique la situation actuelle. Elle coûte de 70 à 80 millions d'euros à la France, alors que le budget de la coopération avec les Comores pour l'aide au développement ne dépasse pas 3 millions d'euros. Un grand nombre des migrants viennent à Mayotte pour commercer, comme ils l'on fait pendant des siècles, mais aussi pour bénéficier de soins ou avoir accès à l'éducation. Ne pourrait-on, dans ces conditions, envisager une vraie politique de coopération et d'aide au développement, en investissant notamment dans la construction de centres de soins ou d'établissements scolaires, plutôt que dans des radars destinés à surveiller les côtes ?