Le rat musqué, présent massivement dans le nord de la France et notamment dans le delta de l’Aa et dans le Calaisis, est classé parmi les espèces nuisibles et invasives. Il cause de nombreux dégâts en raison des terriers et galeries qu’il creuse dans les berges. Les conséquences sont multiples : effondrement de chemins ou de routes, dégâts aux cultures, effondrement des watergangs qui jouent un rôle majeur dans la gestion des inondations. Les rats musqués présentent également un risque sanitaire, car ils peuvent transmettre à l’homme la leptospirose.
L’évolution de la réglementation, avec l’abandon du piégeage chimique, a rendu plus difficile la régulation de cette espèce, malgré le travail acharné des piégeurs, souvent bénévoles. Aujourd’hui, seul le piégeage mécanique subsiste et les rats musqués, qui n’ont pas de prédateurs naturels, n’ont jamais été aussi nombreux, en zone rurale comme en zone urbaine.
Ainsi, pour le seul groupement intercommunal de défense contre les organismes nuisibles, accompagné par la communauté de communes de la région d’Audruicq, ce ne sont pas moins de 18 683 prises qui ont été enregistrées pour la seule année 2015, contre 13 872 en 2013. Cela représente un coût important pour les collectivités : plus de 100 000 euros en 2015 pour la seule communauté de communes de la région d’Audruicq, sans parler des dépenses engagées pour réparer les dégâts causés.
Cette prise en charge de la lutte contre le rat musqué est inégale selon les collectivités, alors qu’une coordination est indispensable à l’échelle des territoires de référence comme le delta de l’Aa. On sait en effet que la lutte sur un point du territoire, si elle n’est pas prolongée sur les territoires voisins, ne freine pas la prolifération, cette espèce nuisible ne s’arrêtant évidemment pas aux frontières administratives. Il est donc impératif que la lutte contre la prolifération du rat musqué soit gérée de manière plus cohérente et plus solidaire entre les territoires concernés.
Les intercommunalités, et plus largement les collectivités, doivent jouer un rôle et se structurer aux échelles adaptées afin de lutter efficacement contre ce fléau. Mais cela ne peut effacer l’indispensable solidarité nationale. Je souhaite donc savoir comment l’État compte accompagner les collectivités qui assument seules la lutte contre les rats musqués ainsi que la réparation des dégâts causés.
À terme, l’objectif pourrait être de développer cette compétence dans le prolongement de celle relative à la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations – GEMAPI –, ce qui n’efface en rien, au contraire, la nécessité que l’État soit pleinement solidaire de cette démarche.