Madame la secrétaire d’État chargée de la ville, ma question s’adresse à Mme la ministre de l’éducation nationale, ainsi qu’à Mme la ministre de la culture.
Depuis 1996, les Recommandations de La Haye concernant les droits des minorités nationales à l’éducation préconisent la langue maternelle de l’enfant comme vecteur idéal de l’enseignement au niveau de l’école primaire. En décembre 2011, les principales recommandations des États généraux du multilinguisme dans les outre-mer qui se déroulèrent à Cayenne sous l’égide du ministère de la culture, insistaient encore sur la reconnaissance du « droit de tout enfant à apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle, et le fait d’offrir un cadre institutionnel à cet apprentissage, y compris en dehors du système scolaire ».
Or, dans la plupart des villages du Maroni et de l’Oyapock, ainsi que sur le littoral, qu’ils soient amérindiens ou bushinengués, nos enfants n’ont pas le français pour langue maternelle. La reconnaissance de l’identité de ces peuples nous impose le respect et la défense de la spécificité de chacune de leurs langues, d’ailleurs reconnues comme langues de France. L’échec scolaire de nos enfants est dû en grande partie à leurs difficultés à entrer dans les processus d’apprentissage de la lecture et de l’écriture du français. C’est pourquoi l’adaptation du système scolaire à nos particularités linguistiques est indispensable, pour garantir à ces enfants les mêmes chances de réussite.
Si je salue aujourd’hui le travail des intervenants en langue maternelle, véritables passerelles entre le français et la langue maternelle de l’enfant, je constate que ce dispositif est loin d’être généralisé et reste insuffisant. Je regrette également qu’aucune mesure ni expérimentation n’ait pu être menée pour favoriser, au sein de l’école ou dans un cadre extrascolaire, un co-apprentissage de la lecture et de l’écriture dans la langue maternelle et le français. Or les linguistes réunis à Cayenne en 2011 ont affirmé que le bilinguisme demeure l’une des conditions essentielles de la réussite scolaire des enfants.
Madame la secrétaire d’État, quand le Gouvernement mettra-t-il en oeuvre cet impératif de réussite éducative ?