Madame la députée, je vous prie d’excuser Mme la ministre de l’éducation nationale qui m’a chargée de vous répondre.
Le ministère de l’éducation nationale, vous le savez, est déterminé à préserver les langues régionales : il l’a démontré dès 2012 en inscrivant dans la loi de refondation de l’école de la République la possibilité du recours à ces langues pour l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et en l’étendant aux enseignements du second degré et à l’ensemble des disciplines. C’est en ce sens que l’académie de la Guyane souhaite conforter la place des langues et des cultures de son territoire, avec l’ambition forte de se doter dans les dix prochaines années de plusieurs écoles primaires bilingues à parité horaire, notamment le long du Maroni et de l’Oyapock que vous avez évoqués.
Nous souhaitons aujourd’hui aller du bilinguisme de substitution actuel, confiné au cycle 1 du niveau pré-élémentaire, vers un bilinguisme additif, généralisé sur la continuité des cycles 1 à 3 et sur plusieurs écoles du territoire. Ce projet, vous l’imaginez bien, engage un effort important non seulement de recrutement et de formation de cadres enseignants, mais également en matière d’outillage didactique et d’ingénierie pédagogique, totalement pris en compte par le projet et la démarche académiques actuels. À ce titre, un calendrier de réalisation est en cours d’élaboration afin de baliser temporellement la mise en oeuvre de ces ambitions et de rendre visible et lisible la volonté académique à ce sujet.
Plusieurs étapes marquent déjà des avancées significatives : c’est le cas du projet de dictionnaire et lexique bilingues des langues de Guyane, dont l’édition est prévue pour 2017, ainsi que du parcours de professionnalisation qui a été mis en place pour les intervenants en langue maternelle, afin de leur reconnaître une véritable compétence plurilingue et multiculturelle. Il convient de ne pas oublier non plus la création de formations et d’habilitations à enseigner dans les langues de Guyane, qui concerneront les locuteurs natifs de ces langues, à l’image de ce qui existe déjà pour les professeurs des écoles des sections bilingues françaiscréole guyanais du littoral.
Enfin, une expérimentation pédagogique et didactique en cycle 2 est en préparation pour la rentrée scolaire prochaine, pour les langues kali’na et wayana, à l’école Yanamalé d’Awala, à l’école Yukaluwan d’Iracoubo, ainsi que dans les écoles de Taluhwen, Antekum, Kayodé et Élahé.
Vous le voyez, madame la députée, c’est en restant attentif à la place accordée aux langues et cultures régionales dans les enseignements scolaires et en formant les intervenants que le ministère de l’éducation nationale continue de mener son action.