Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 14 juin 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre le terrorisme

Manuel Valls, Premier ministre :

Nous devons être aux côtés de nos forces de l’ordre, particulièrement sollicitées aujourd’hui, et leur dire notre respect et notre affection.

En deux jours, à Orlando – avec cette terrible attaque terroriste homophobe – et à Magnanville, une même idéologie de mort est passée à l’acte, certes de manière différente, mais avec les mêmes objectifs : tuer, semer la terreur, contester ce que nous sommes et nous empêcher de vivre librement.

Nous nous trouvons face à une menace globale, et il faut bel et bien partir de là, monsieur le président Vigier. C’est pourquoi j’avais évoqué la fin d’une forme d’insouciance au sein de nos sociétés. Cette menace globale réclame de notre part de la maîtrise et du sang-froid. Le combat sera de longue haleine. Il se mène aussi bien dans les zones de guerre, en Syrie et en Irak – où, aujourd’hui, l’État islamique recule mais est toujours présent – que sur notre sol. De fait, la radicalisation est un phénomène massif : je veux rappeler que 2 116 de nos ressortissants sont impliqués dans les filières syro-irakiennes et que 180 ont trouvé la mort en Syrie ou en Irak. Dans notre seul pays, 9 500 individus ont été signalés à la plateforme nationale.

C’est donc la société tout entière qui doit se mobiliser, et c’est le sens du plan d’action que j’ai présenté, avec le ministre de l’intérieur, il y a quelques semaines. Notre première arme est le droit pénal, et la légitimité de l’État de droit, qui nous permet de poursuivre, d’incarcérer et de mettre hors d’état de nuire tous ceux qui s’engagent dans ces filières. Mais, monsieur le président Vigier, il faut refuser toute tentation de recourir aux aventures extrajudiciaires – telles celles expérimentées dans certains pays au cours des années 2000 –, qui ont parfois mené à de véritables impasses. Il faut, en revanche, affecter tous les moyens à l’action répressive, et agir partout contre la radicalisation, y compris en milieu carcéral. Il faut aussi mobiliser les familles, les services publics sociaux et donc, je le répète, toute la société.

Actuellement – il faut être précis –, 295 dossiers judiciaires, relatifs à 1 216 individus, sont ouverts à la Direction générale de la sécurité intérieure. Au cours des quinze derniers jours – le ministre de l’intérieur aura l’occasion de le rappeler –, seize personnes soupçonnées d’activité terroriste ont été interpellées et présentées aux magistrats antiterroristes.

Nous avons tiré les leçons des attentats de ces trois dernières années : beaucoup a été fait, qu’il s’agisse des moyens – je pense par exemple à ceux qui ont été affectés au renseignement –, de la législation antiterroriste ou, bien entendu, de la mise en oeuvre de l’état d’urgence. Tout doit être fait, tous les éléments doivent être examinés avec la plus grande attention, en fonction de ce que nous dira l’enquête – le procureur Molins s’est exprimé il y a un instant. Mais c’est un combat dans la durée ; c’est sans doute l’affaire d’une génération. En outre, vous le savez parfaitement, il n’existe malheureusement pas de risque zéro.

Le terrorisme veut imposer la peur, et notre réponse, c’est bien de résister. Combattre le terrorisme et résister aux peurs et aux violences – à toutes les formes de violence qui s’emparent de notre société. Avec nos forces armées, avec nos forces de sécurité, avec la force de l’État de droit et de la démocratie – c’est en effet ainsi que l’on impose l’autorité –, sans faiblir et avec sang-froid, nous mènerons ce combat.

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