Intervention de Monique Orphé

Réunion du 19 juillet 2012 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Orphé :

Un espoir a été créé en outre-mer par l'élection d'un nouveau président ; cependant, la confiance doit aussi être retrouvée, dans le gouvernement et plus particulièrement dans le nouveau ministre des Outre-mer, après que son prédécesseur avait fait preuve de manque d'écoute et d'absence de soutien aux voix de l'outre-mer. Votre discours de ce matin, comme celui que vous avez porté à La Réunion, me rassure sur les priorités que vous allez défendre : l'emploi, la lutte contre la vie chère, le logement et notamment le manque de logements sociaux : 80 % de la population réunionnaise est éligible à un logement social.

Avant même le logement, l'attente des ultramarins se concentre sur le problème du chômage : on ne peut dire qu'en Espagne, avec un taux de chômage de 24 ou 25 %, la société est vouée à l'échec, et espérer que nous puissions nous construire durablement avec un taux de chômage de 30 %, voire de 60 % chez les jeunes. Il convient de le réduire de manière significative par des mesures de court terme mais aussi grâce à des mesures de long terme.

Un sujet qui n'a pas été encore abordé est la nécessité de favoriser l'ouverture de notre jeunesse sur le monde : la mobilité, parfois contrainte et forcée, devrait être choisie et accompagnée. La jeunesse, envoyée en métropole ou de par le monde, devrait être accompagnée. Cette problématique se rattache à la question de la continuité territoriale : nous sommes une île, il est inadmissible qu'un billet d'avion pour se rendre en métropole coûte 1 400 euros ! L'aide à la mobilité mise en place par le conseil régional n'est malheureusement pas suffisante et cette question devra être réétudiée.

Comme le disait M. Serge Letchimy, un nouveau modèle de développement est nécessaire : la départementalisation instaurée en 1946 a désormais atteint ses limites. Nous avons obtenu l'égalité politique et sociale ; mais comment parler d'égalité quand la moitié de la population vit avec moins de 800 euros par mois, et 17 % avec moins de 450 euros ? Le problème de l'emploi est lié au problème de la vie chère avec la question de l'accès aux produits de première consommation. Plus que l'égalité sociale, il nous faudra une égalité réelle, et une vraie égalité entre les territoires.

La Réunion ne manque cependant pas d'atouts : sa jeunesse, son savoir-faire dans les énergies renouvelables, sa position géographique au sein de l'Océan indien, une « matière grise » à valoriser.

Si on nous donne les moyens de nous prendre en main, nous pourrons effacer cette fausse image de département d'outre-mer assisté. Nous voulons les moyens de nous prendre en main : « Aide toi le ciel t'aidera », c'est notre voeu, mais il nous faudra les moyens nécessaires. Cela passera aussi par la promotion d'une éducation de haute qualité : il est inadmissible que La Réunion soit l'avant-dernière académie en termes de réussite scolaire. Il faudra soutenir la politique éducative dans ce territoire.

Pour conclure, la question du recrutement local a fait l'objet d'engagement au cours de la campagne électorale. Je souhaiterais que la mesure annoncée pour la Martinique par le ministre de l'Éducation nationale à l'occasion des questions au Gouvernement de mardi dernier – à savoir de permettre que tous les contractuels ayant réussi un concours d'enseignant et ayant exercé dans ce département d'outre-mer, y soient affectés – soit également appliquée à La Réunion. Cela représenterait un premier pas dans les réflexions à venir sur le recrutement local.

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