Non membre de la commission des Lois, je suis très heureux de pouvoir m'exprimer en son sein. Je vous souhaite, M. le ministre, beaucoup de réussite – tout comme je l'avais fait avec votre prédécesseur. J'espère en particulier que votre expérience gouvernementale permettra de démentir ceux qui estiment que nommer une personne originaire de l'outre-mer à ce ministère la condamnerait à la partialité, faute de l'objectivité nécessaire.
Je me félicite de vos propos sur l'ouverture de votre ministère aux élus d'outre-mer, sur la vie chère, sur la nécessité de ne pas opposer investissement public et investissement privé et sur la lutte contre la fracture numérique. La création d'une délégation aux Outre-mer à l'Assemblée nationale est également une heureuse innovation, à laquelle nous contribuerons tous ensemble.
D'une manière plus générale, il nous faut sortir de l'exclusif colonial et du colbertisme et nous ouvrir vers notre environnement immédiat. De ce point de vue, l'exigence de continuité territoriale ne doit pas se résumer aux déplacements vers Paris, mais s'étendre aux échanges entre les différents départements et collectivités d'outre-mer. Je répugne d'ailleurs à parler d'« outre-mer » : vu de la Martinique c'est la France qui se situe « au-delà de la mer » ! Je me refuse encore plus catégoriquement à utiliser le terme de « métropole », dont le pendant est immanquablement celui de « colonie ». Et je n'hésite pas à parler du « peuple martiniquais », pas seulement de « population martiniquaise ». Je ne fais pas non plus de l'exigence d'égalité une obsession, préférant appeler au respect des spécificités et de l'identité de chaque territoire. Je récuse également le terme de « souffrance », trop souvent répété, au mépris de la valorisation de nos atouts et de la mise en valeur de nos ambitions.
M. le ministre, je souhaite attirer votre attention sur une série de questions, qui se posent notamment en Martinique. Que comptez-vous faire pour réduire le taux de chômage, qui atteint des niveaux considérables ? En matière de santé publique, pouvez-vous nous rappeler vos positions sur les produits alimentaires trop sucrés, sur l'épandage aérien et sur l'indemnisation des victimes du chlordécone ? Comment assurer, comme ailleurs sur le territoire français, le respect du principe de libre circulation le long du littoral martiniquais, principe aujourd'hui méconnu par les constructions réalisées sans aucune exigence d'autorisation préalable ? Quels sont vos projets pour améliorer le transport intérieur, dossier qui s'avère crucial tant pour les individus que pour les entreprises ?
Enfin, en matière institutionnelle, je tiens à vous signifier qu'avec mes trois collègues députés de la Martinique, nous sommes opposés à un report à 2015 de l'élection de l'assemblée, actuellement prévue en 2014 – étant rappelé qu'elle devait initialement avoir lieu en 2012. Nous sommes également défavorables à la prime majoritaire de 20 % des sièges, considérant qu'une prime de 5 % serait suffisante.