Monsieur le Premier ministre, les difficultés rencontrées quotidiennement par les Français sont majeures, et vous devez y apporter d’autres réponses que celles qui suscitent, chaque jour, un peu plus d’inquiétude et d’exaspération.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’un drame humain d’une ampleur inédite se joue aux portes de l’Europe. Ce sont 10 000 femmes, hommes et enfants qui ont déjà péri en mer Méditerranée depuis 2014, en tentant de fuir la misère, la guerre ou la barbarie sanguinaire de Daech.
Cette tragédie met chaque jour un peu plus en lumière une Europe en proie aux égoïsmes nationaux, une Europe dont les États membres s’indignent mais ne décident et n’agissent pas, une Europe incapable d’apporter des réponses concrètes à cette crise migratoire.
La France, dont le silence est devenu coupable, doit maintenant convaincre ses partenaires de renouer avec les valeurs fondatrices de l’Europe. Pour ce faire, elle se doit de défendre la mise en oeuvre d’une véritable politique migratoire et d’asile commune. Cela implique de disposer de garde-côtes européens pour protéger notre espace commun, de procéder au recensement de nos besoins démographiques et économiques au niveau européen et d’assurer la convergence entre les différents systèmes de traitements des demandes d’asile.
Ce n’est pas de moins d’Europe dont nous avons besoin, mais d’une autre Europe : une Europe fédérée, capable de traiter les grands problèmes qui concernent tous nos pays.