Depuis quelques années, le débat sur la création d'une culture de l'engagement parmi les jeunes traverse de nombreuses organisations. Il était au coeur du rapport thématique que j'ai rendu dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015 sur la mission « Sport, jeunesse et vie associative ». Plusieurs constats y étaient dressés : tout d'abord, il n'existe pas de crise de l'engagement chez les jeunes, mais plutôt une mutation des formes de leur engagement. Ensuite, le besoin qu'ont les jeunes de s'engager se réalise dans des actions concrètes, collectives et ponctuelles. De plus, l'engagement dans la vie de la cité semble être un espace qu'ils privilégient. Enfin, lors du premier forum européen des jeunes engagés, qui s'est tenu en août 2014 à Poitiers, les jeunes ont largement évoqué la crise sévère qui existe entre eux, les partis politiques et les dirigeants de formes diverses.
Le projet de loi nous offre l'occasion d'instaurer de nouvelles formes de démocratie participative, particulièrement avec les jeunes. Force est de constater que les liens entre jeunes citoyens, élus et institutions publiques sont de plus en plus distendus. Si nous ne revoyons pas nos processus de participation et de décision collective, je crains que nous n'échappions à l'engagement citoyen qui est exigé de chacun d'entre nous dans le cadre de notre pacte citoyen.
Les conseils d'enfants et de jeunes, dont l'Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes (ANACEJ) est la tête de réseau à l'échelle nationale, permettent un dialogue entre les jeunes et les élus locaux. Ces actions locales ont produit de réels impacts positifs sur les personnes, les décisions et les territoires. Ces conseils constituent donc une première réponse concrète à la participation des jeunes à la vie publique, qu'il convient de renforcer par l'instauration de dialogues structurés autour des politiques de jeunesse. Ainsi, l'ensemble des collectivités, sous la responsabilité de l'État, pourraient par exemple nouer un nouveau dialogue structuré avec les jeunes représentant la société civile et les pouvoirs publics dans le cadre des conférences territoriales de l'action publique. Concrètement, il s'agit de mettre en place un processus ouvert de participation à la décision publique entre les jeunes et les décideurs.
Ce copilotage entre société civile et pouvoirs publics peut également servir à lever les freins actuels à l'engagement. Chacun peut intervenir à sa manière, selon ses disponibilités, n'importe où sur le territoire. Promue par l'Union européenne et proposée par les soixante-quinze têtes de réseau du Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d'éducation populaire (CNAJEP), cette méthode prolongerait également la spécificité du présent projet de loi ; une consultation numérique a d'ailleurs été organisée afin que les citoyens et les associations puissent exprimer leur avis. Que pensez-vous de cette proposition de dialogue structuré, monsieur le ministre ?