Intervention de Marie-Françoise Bechtel

Réunion du 8 juin 2016 à 16h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Françoise Bechtel :

Ma question portera sur le service civique, même si j'ai bien conscience qu'elle tranche avec les choix formulés dans ce texte. Qu'il s'agisse de sécurité ou d'intégration, j'estime que notre République se heurte à des problèmes qui dureront une génération au moins, et nous ne devons pas les mésestimer.

Avec le service civique, monsieur le ministre, vous proposez un dispositif beaucoup plus ambitieux que les outils connus jusqu'ici. Il existe cependant une autre option encore plus ambitieuse : le service national universel et obligatoire – entièrement repensé, cela va de soi, dans sa durée et dans ses formes – pour une meilleure intégration civique. Ce dispositif serait un devoir pour chaque citoyen au service de la collectivité. Ce qui manque au service civique tel que vous le proposez est ce caractère obligatoire et universel. Si nous voulons reconstruire la République, il faut inculquer l'idée d'un dû à la collectivité. Ce dû fait fortement retour vers les jeunes : toutes les enquêtes montrent en effet que de nombreux jeunes, pas forcément issus des quartiers défavorisés, sont en quête de règles – ceux d'entre eux qui s'engagent dans le djihad souhaitent précisément y trouver des règles qu'ils n'ont pas jusque-là connues ni dans leur famille, ni dans leur quartier, ni dans leur éducation. J'ajoute que les jeunes qui ne sont pas demandeurs de règles seront peut-être les plus utiles à intégrer, y compris dans les classes favorisées où une forme d'égoïsme et d'absence de bienveillance est parfois plus forte que dans les quartiers défavorisés.

Je sais qu'une telle proposition ne va pas dans le sens de ce que vous proposez. Néanmoins, j'ai lancé une pétition – que plusieurs collègues ici présents ont signée – et un site qui ont produit des retours très positifs de la population, y compris dans les Hauts-de-France, et les sondages indiquent que 80 % des Français sont favorables au retour d'un service national naturellement repensé – car l'ancien service était inégalitaire et ne doit pas être reproduit, et nous possédons une armée professionnelle qu'il ne faut pas remettre en cause. Quoi qu'il en soit, il me semblerait utile à terme de réfléchir, peut-être dans le cadre d'une loi de programmation, à l'instauration d'un véritable service national universel – touchant tous les jeunes, garçons et filles – et obligatoire qui permettrait sinon l'apprentissage des armes, au moins celui de la protection civile, à l'heure où nous manquons de jeunes pompiers bénévoles et où nous gagnerions à mobiliser des jeunes formés en cas d'attentat ou de grave risque sécuritaire, y compris pour libérer de certaines tâches les soldats affectés à l'opération Sentinelle. J'ai espoir que cette idée chemine car, alors qu'il faut consolider notre République, je crains l'éparpillement des bonnes idées ; au contraire, une idée forte et simple, plébiscitée par la population, aurait peut-être ici sa place.

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