Intervention de Victorin Lurel

Réunion du 16 juin 2016 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictorin Lurel :

La France doit prendre certaines mesures et publier des rapports dans le cadre de la décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, proclamée par l'ONU. La Commission consultative nationale des droits de l'homme utilise dans ses rapports sur les actes de discrimination une typologie n'incluant que les actes racistes, xénophobes, antisémites, antimusulmans et anti-roms, mais pas les actes « négrophobes », commis contre des Noirs. Nous n'avons épargné aucun effort pour demander à la CNCDH d'en faire état dans un rapport, mais nous nous sommes heurtés à un refus, au motif qu'il n'existe pas d'obligation en la matière.

C'est pourquoi cet amendement vise à ce que la CNCDH remette chaque année, le 21 mars – date retenue par l'ONU pour célébrer la Journée internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale – un rapport établissant le recensement général de tous les actes racistes commis sur le territoire de la nation.

1 commentaire :

Le 11/07/2016 à 17:17, laïc a dit :

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On remarquera au passage qu'il y a une dérive sémantique du terme grec "phobos", qui signifie peur, mais qui est pris au sens de haine, alors que le mot grec signifiant "haine", à savoir " misos", (que l'on retrouve dans misogyne, celui qui déteste les femmes) n'est pas repris. Ainsi, la peur, qui est en général une réaction passive et justifiable, devient, de par cette transformation usuelle en haine, une réaction active et injustifiable. Le xénophobe n'est plus celui qui a peur des étrangers, mais celui qui déteste les étrangers, qui va tout faire pour leur rendre la vie impossible et les chasser du territoire, et ce sans justification, ou avec des justifications inventées, et ce avec sang froid, c'est-à-dire sans peur, ce qui est le comble....

Cette transformation sémantique tend à rendre injustifiable la peur en politique, puisque la peur est comprise comme étant de la haine, et que la haine est injustifiable en politique. Cette peur est automatiquement condamnée, et n'est de ce fait même plus analysable. On ne se pose plus la question de savoir si cette peur à une cause que l'on pourrait résoudre, il s'agit juste de la condamner d'emblée, car la peur n'est plus de la peur, c'est de la haine.

On peut alors penser que le politique tend à vouloir se débarrasser de la peur en la transformant plus ou moins consciemment en haine. Il refuse d'analyser la peur, qui lui fait peur en définitive, au point de vouloir la transformer en haine pour mieux la culpabiliser et s'en débarrasser.

Le politique refuse de trouver autant des causes à la peur qu'à la haine, il les mélange dans un tout informe, c'est quelque part dommage car il se prive d'un important champ de réflexion qui l'amènerait à mieux comprendre l'humain et les façons dont il se comporte autant à titre individuel qu'à titre collectif. La haine est un enjeu politique, c'est un enjeu de justice et de condamnation, ce n'est pas un enjeu de réflexion, et pourtant la réflexion pourrait apporter de nombreuses solutions à cette haine, et pour cela il faut redonner à "phobos" son sens initial", et arrêter de lui attribuer le sens de "misos".

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