Intervention de Joël Giraud

Séance en hémicycle du 22 juin 2016 à 15h00
Questions au gouvernement sur des sujets européens — Conséquences économiques d'un éventuel brexit

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Giraud :

Ma question s’adresse à M. le ministre des finances et des comptes publics.

La campagne du « Brexit » a été durement marquée le 16 juin par l’assassinat de Jo Cox, notre collègue députée pro-européenne, dont je salue une fois encore la mémoire. Après trois jours de deuil national, la campagne bat à nouveau son plein en cette veille de scrutin. Demain, les électeurs britanniques auront à se prononcer sur un choix décisif et clair : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou la quitter ? ». Ceux qui veulent la quitter ont déjà gagné la guerre psychologique, car si l’on parle de « Brexit », qui utilise le terme de « Bremain » ?

Au-delà de la décision interne à un pays, on peut légitimement se demander ce qu’il en serait pour le reste de l’Europe. L’Organisation de coopération et de développement économiques – l’OCDE – et plusieurs cabinets ont étudié les conséquences d’un éventuel « Brexit », avec et sans accord de libre-échange, pour le Royaume-Uni et pour la plupart de ses partenaires commerciaux. Nous avons de quoi nous faire quelques cheveux blancs en cette veille du lancement du compte à rebours !

Les courants anti-européens, antilibéraux, antimondialisation et certains des partisans du « Brexit » font miroiter une baisse de l’immigration et une embellie économique pour mieux enfermer leur pays dans des logiques de peur qui servent leurs intérêts politiques – mais appuyons-nous sur des études sérieuses pour essayer de faire la lumière sur cette question. Un « Brexit » aurait un impact significatif sur les Pays-Bas, l’Irlande, la Belgique et l’Allemagne. La France, quant à elle, ferait partie des six pays les plus touchés : jusqu’à 3,2 milliards d’euros de pertes additionnelles à l’export pour les entreprises françaises d’ici à 2019, dans le pire des scénarios. Le « Brexit » pourrait aussi conduire à un désinvestissement des entreprises françaises au Royaume-Uni et des entreprises britanniques en France, ce qui aurait un impact non négligeable sur la croissance réelle du produit intérieur brut français. Enfin, la hausse des défaillances d’entreprises au Royaume-Uni serait de nature à accroître le risque d’impayés pour les entreprises françaises commerçant avec ce pays.

Vendredi prochain, vers cinq heures du matin, heure française, nous devrions avoir la publication de premiers résultats fiables. La sortie d’un pays de l’Union, prévue par l’article 50 du traité de Lisbonne, est certes un processus long, mais l’économie, qui repose sur la confiance, ira plus vite que la rédaction de l’accord de sortie.

Aussi, monsieur le ministre, ma question est-elle simple : le Gouvernement a-t-il des scénarios d’anticipation prêts sur les conséquences d’un éventuel « Brexit » ?

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