Intervention de Frédéric Barbier

Séance en hémicycle du 22 juin 2016 à 21h30
Biodiversité — Article 51

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Barbier :

Je voudrais apporter ici mon expérience d’ancien apiculteur.

Depuis 1990, et plus particulièrement depuis 1994, date de l’apparition des néonicotinoïdes, l’apiculture connaît une situation extrêmement difficile. Les insecticides agissent sur le système nerveux central des abeilles, leur enlevant ainsi tous leurs repères. Avec un taux de 30 % de colonies qui périssent, les apiculteurs se voient contraints de renouveler régulièrement leurs ruches. Pourtant, nous le savons, les abeilles sont indispensables à la préservation de la biodiversité, de notre sécurité alimentaire et de notre santé publique.

Or les solutions existent. Lorsque l’Italie a interdit l’usage des néonicotinoïdes, les mortalités des ruches ont chuté de 37 à 15 % en trois ans. Les parlementaires français doivent à leur tour prendre leurs responsabilités. Et il faut une application rapide, car nous n’avons que trop tardé. La date du 1erseptembre 2018, telle qu’elle figure dans le texte adopté en commission, me semble être la bonne solution. Avancer l’application, ce serait empêcher les agriculteurs d’anticiper ce changement ; la repousser à 2020, ce serait maintenir l’exposition des pollinisateurs aux résidus des néonicotinoïdes jusqu’en 2023 au moins, car ces pesticides sont persistants.

Si aujourd’hui certains contestent cette interdiction dès 2018, je suis sûr que, demain, on nous remerciera. Pour le législateur que nous sommes, il est temps d’agir. Je voudrais rappeler ce que disait Isocrate : « Nous voyons l’abeille se poser sur toutes les plantes et tirer de chacune le meilleur. » Soyons dignes de notre mission et faisons de même : posons-nous sur ce texte et tirons-en le meilleur par une interdiction stricte au 1erseptembre 2018.

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