Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du 22 juin 2016 à 21h30
Biodiversité — Article 51

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

La pollinisation représente pour l’agriculture un bénéfice de 150 milliards d’euros à l’échelle de la planète. Il faudrait que les agriculteurs soient fous pour se passer de ses bienfaits. Il n’y a donc pas lieu d’opposer économie et écologie ; il faut seulement imaginer la transition la plus réaliste et la plus heureuse en la matière.

Parce qu’elle respecte les transitions et les expertises nécessaires, la proposition de Jean-Yves Caullet me semble pleine de bon sens. Elle arrive aux mêmes résultats plus vite et mieux que d’autres amendements qui me paraissent fichés dans leur radicalité.

Je salue Antoine Herth qui a reconnu avoir changé d’avis pendant les longues nuits que nous avons passées à débattre de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. L’ANSES est une autorité dégagée de toute pression politique et économique. Elle rendra ses avis en expert, au nom de la santé humaine et de l’intérêt de l’environnement. C’est au vu des bénéfices et des inconvénients que nous prévoirons des dérogations dès 2018 et une interdiction définitive pour 2020, car, après une transition, il faut savoir marquer une rupture et arriver dans le monde nouveau de l’après-pesticide, de l’après-phytopharmacie.

Nous ne sommes pas opposés. Essayons d’établir une voie de dialogue, une voie de raison. Chers collègues, chers amis, nous n’aurions aucun bénéfice à importer des produits plus chargés en polluants à bas prix, comme l’a indiqué le rapport de l’INSERM, tandis que, chez nous, des filières s’effondreraient.

Le temps de la transition – je l’ai vécu en tant qu’agriculteur – peut être d’un ou deux ans. Il est légitime. Cela n’enlève rien à nos convictions ni à la force de notre production.

J’ai reçu des pressions diverses. Comme paysan, m’ont dit les uns, tu ne peux pas interdire les néonicotinoïdes. Je l’ai payé, devant ma permanence. Comme paysan bio, m’ont dit les autres, tu ne peux pas ne pas défendre une position radicale.

Comme député, je pense surtout qu’il y a des transitions et des ruptures. La proposition de Jean-Yves Caullet représente exactement l’équilibre qui permettra d’attendre une fin à laquelle – fort heureusement – nous tendons tous !

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