Nous ne sommes pas entrés dans tous les détails de notre rapport, et certains de ces détails sont d'importance. Mon collègue Christophe Léonard en a évoqué quelques-uns, et je tiens à évoquer d'autres pistes, pour lesquelles nous aurions certainement besoin de conduire des travaux supplémentaires. Ainsi, affermir la résilience de la société française face au terrorisme me semble de première importance. Comment le faire ? Une idée mériterait certainement d'être étudiée : celle de rendre obligatoire une journée par an de réserve pour chacun de nos concitoyens. Cela permettrait à toutes les Françaises et à tous les Français d'acquérir et de mettre à jour les réflexes nécessaires pour renforcer la résilience de notre pays, ainsi que les gestes de premier secours, dans le cadre d'exercices encadrés par les armées et les forces de sécurité intérieure. Cela contribuerait aussi à resserrer le lien de la Nation avec ses armées et ses forces de police et de gendarmerie. Des dispositifs comparables fonctionnent bien à l'étranger.
Notre rapport détaille aussi les aspects budgétaires de l'engagement des armées sur le territoire national. Nous avons essayé d'établir une comparaison du coût d'une garde selon qu'elle est effectuée par l'armée de terre ou confiée à la police. Cette estimation est à lire avec toutes les limites d'une évaluation conduite par nos propres moyens et à prendre avec toutes les réserves d'usage concernant les exercices comparatifs ; certainement faudra-t-il l'affiner. Nous constatons cependant un différentiel de coût de l'ordre d'un milliard d'euros par an pour un dispositif de 7 000 gardes, ce qui peut contribuer à expliquer certains des choix qui ont été faits.
Nous abordons aussi la question de l'attractivité financière de l'opération Sentinelle pour nos soldats, ainsi que la problématique de leur armement. Mon collègue et moi nous étions rangés à l'avis des autorités militaires, qui privilégient le fusil d'assaut, après nous être interrogés au début de nos travaux sur la pertinence de ce choix. Le FAMAS est une arme relativement lourde, de longue portée, dont on peut se demander si elle est la plus appropriée pour les missions de sécurité en milieu densément peuplé. Les autorités militaires mettent en avant le fait que les soldats sont habitués au FAMAS, leur arme de dotation, et jugent qu'un changement d'arme poserait des difficultés. Mais là encore, nous sommes un peu pris de court par les déclarations du SGDSN, qui ouvre la voie à un système de double dotation d'armes de poing et de fusils d'assaut. Ainsi, sur ce point encore, la doctrine est en train d'évoluer, ce qui, Madame la présidente, justifierait que nous continuions à suivre cette évolution dans les semaines et les mois à venir.