Intervention de Alain Marty

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Marty :

Je tiens tout d'abord à remercier nos deux rapporteurs. Je crois que nous sommes tous ici favorables à ce que nos militaires jouent un rôle important non seulement en opérations extérieures (OPEX) – c'est le fond de leur métier –, mais également sur le territoire national. À cet égard, Sentinelle constitue une opération importante. Un certain nombre de questions se posent toutefois, que vous avez abordées.

La première concerne les gardes statiques, qui font que nos militaires peuvent devenir des cibles. Vous plaidez pour qu'elles deviennent l'exception, mais, à ce stade, elles restent la règle de fonctionnement normal. J'ai comme vous eu l'occasion de voir comment fonctionne Sentinelle à Paris intra-muros : ce que l'on demande à nos militaires, c'est de surveiller un certain nombre de sites en statique. Et lorsqu'ils veulent mettre en place une surveillance plus dynamique comme ils en ont l'habitude en OPEX, ils se heurtent parfois aux réticences des responsables des lieux de culte ou des écoles qui veulent voir les militaires postés devant ces sites à l'heure où ils ouvrent leurs portes. Il est assez difficile d'expliquer que la sécurité sera mieux assurée avec une garde dynamique qu'avec une garde statique. Nous ne sommes pas encore passés à cette étape ; à l'heure actuelle on reste sur le schéma « garde statique », qui pose un réel problème pour la sécurité de nos militaires.

Vous n'avez en revanche pas évoqué la façon dont les militaires considèrent Sentinelle. Il faut relever un élément important : au fil de l'engagement, on a considérablement amélioré les conditions d'hébergement, qui étaient assez insatisfaisantes au début de l'opération. Aujourd'hui, les militaires s'accommodent de ce qui est mis à leur disposition. Par ailleurs, l'existence d'une prime spécifique est un autre élément positif qui constitue une amélioration non négligeable de la solde.

Mais quand on leur demande s'ils préféreraient être en OPEX ou participer à Sentinelle, la réponse est unanime : tous souhaiteraient être en OPEX, car c'est pour cela qu'ils se sont engagés. J'ai rencontré des militaires du 3e régiment du génie de Charleville-Mézières postés devant l'Hyper Casher. Lorsque je leur posé la question, ils m'ont répondu qu'ils étaient sensibles au bon accueil de la population, mais qu'ils préféraient de loin l'engagement en OPEX. La question de la motivation est essentielle, il ne faut pas l'oublier ; les militaires assurent naturellement la mission Sentinelle, mais ils aimeraient aussi faire autre chose.

Par ailleurs, et les rapporteurs l'ont bien souligné, Sentinelle a des effets considérables sur la préparation opérationnelle de nos forces. Il est clair qu'aujourd'hui, les unités ne sont pas préparées comme elles l'étaient au moment de notre engagement en Afghanistan. L'Afghanistan a joué un rôle essentiel dans la professionnalisation de nos armées, qui ont été remarquablement préparées pour participer à cette mission. Tel n'est plus le cas aujourd'hui, ce qui pose un réel problème.

Après ces observations, je souhaiterais poser une question aux rapporteurs : avez-vous pu obtenir des éléments sur l'impact de Sentinelle sur la fidélisation des engagés volontaires ? C'est un vrai sujet. Au bout de six mois, un certain nombre d'engagés dénoncent leur contrat ; au bout de cinq ans ils sont encore plus nombreux. Est-ce que la participation à Sentinelle entraîne un taux de renoncement plus important ?

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