Intervention de Malek Boutih

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMalek Boutih :

Je tiens à remercier nos rapporteurs pour leur rapport très précis qui donne une vision extrêmement détaillée de la situation. Ce qui m'a marqué, c'est cette phrase, qui à mon sens résume le rapport : jour après jour, la doctrine évolue. Autant je pense qu'il existe un consensus sur l'utilité d'une réponse à court terme après les attentats pour sécuriser psychologiquement et politiquement la population, autant nous sommes entrés dans des phénomènes de long terme, ainsi que le soulignent tous les analystes. Or sur le long terme, l'improvisation permanente est un danger, dont l'ampleur dépasse les éléments « internes » que vous avez soulignés – problèmes matériels, d'organisation. Je fais partie de ceux qui pensent que nous sommes en guerre, mais que celle-ci a changé. Et c'est un danger car le fait de mener une guerre sans stratégie expose, un jour, à de graves problèmes. On ne peut pas en permanence adapter notre dispositif de sécurité intérieure en fonction des événements qui touchent notre pays. Autant la réponse de court terme qui a été apportée était nécessaire, autant on voit bien dans votre exposé la contradiction majeure entre la nature de ce que sont nos forces armées aujourd'hui et les besoins nouveaux que crée ce nouveau type de guerre.

Ce n'était pas l'objet de votre rapport, mais on voit bien aussi que la réponse ne peut pas non plus être apportée par les forces de sécurité intérieure traditionnelles. Est-ce que tous ces constats ne plaident pas pour l'ouverture d'un débat sur l'émergence d'un nouveau type de force, adaptée aux nouveaux types de conflit et d'intervention et qui réponde, sur le long terme, aux enjeux de sécurisation du territoire ?

Le grand danger en termes stratégiques est que nous ne connaissons pas tous les objectifs de nos ennemis. Mais on sait que l'un d'entre eux est d'amener petit à petit à ce que les réponses sécuritaires apportées – face à des actes de guerre, il ne s'agit plus seulement d'opérations de police – entraînent notre pays dans des logiques qu'il ne maîtrise pas. Il s'agit de trouver un bon équilibre permettant de répondre à long terme à ce type de menaces, tout en préservant notre modèle démocratique et notre État de droit.

Votre rapport formule un certain nombre d'observations et de réponses absolument justes afin d'adapter notre réponse. Mais fondamentalement, ne faut-il pas envisager la constitution d'un nouveau type de force de sécurité dont le champ ne recouvrirait ni les opérations de police traditionnelles – la lutte contre la délinquance par exemple – ni les missions menées en OPEX, mais qui serait chargée de la protection de notre territoire ? En somme, comment sanctuarise-t-on notre territoire face à ces nouveaux dangers ?

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