Intervention de Christophe Léonard

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Léonard, rapporteur :

La préparation des forces a été évoquée et c'est là l'essentiel. La principale problématique tient en effet à cette question : Sentinelle a-t-elle pour conséquence l'impréparation de nos forces et, finalement, leur incapacité à défendre notre pays ? Aujourd'hui, le contrat opérationnel prévoit 7 000 hommes, et nous plaidons pour en rester à ce niveau, qui permet à l'armée de terre de se préparer à toutes ses autres missions. Cela suppose d'être absolument ferme sur la question des gardes statiques. Tout le monde en parle, il s'agit maintenant de donner des directives en ce sens aux préfets, qui établissent les réquisitions et sont ainsi, si j'ose dire, des sentinelles de l'État. De mon point de vue, il est donc nécessaire de faire en sorte que les gardes statiques deviennent l'exception afin d'alléger le dispositif, sans pour autant perdre en termes de sécurité. C'est même l'inverse puisque les gardes dynamiques réduisent la vulnérabilité des soldats.

Cela permet de répondre au problème de fidélisation. Car pour un jeune soldat – les personnels ont au plus 28 ans –, passer l'essentiel de son temps en poste fixe en ayant le sentiment que cela n'est pas toujours utile n'offre pas beaucoup de motivation pour renouveler son contrat d'engagement.

S'agissant de l'hébergement de la force Sentinelle, il est assuré ‒ notamment en région parisienne ‒ sur des sites du ministère de la Défense qui avaient vocation à être vendus. La question de leur cession va se poser très concrètement : s'ils sont vendus, la question de l'hébergement de la force à Paris se reposera, avec un fort impact sur la condition du personnel et, de ce fait, sur la fidélisation.

Pour répondre à notre collègue Malek Boutih, les sujets qu'il évoque constituent la question centrale. Ces chantiers n'ont pas été ouverts à notre initiative, mais par les actes terroristes qui ont frappé notre pays. Je me pose plusieurs questions : quelle est l'efficacité de Sentinelle ? Est-ce que l'engagement de 7 000 hommes sur le terrain a évité des attentats ou pas ? L'actualité montre qu'on ne peut pas tout éviter. J'ignore s'il faut constituer une « troisième force ». Mais il faut déjà réfléchir à la question du renseignement. Nos déplacements au Royaume-Uni et en Israël nous ont démontré que la culture du partage du renseignement entre les différentes forces et les différents services n'est pas la même que dans notre pays. Par ailleurs se pose la question de l'entraînement interservices des forces ; pour être plus efficace il faut se connaître, tant au niveau des pratiques que de la communication.

Nous avons également évoqué la question de l'armement et du port d'arme en dehors des heures de service pour les personnels des différentes forces, qui renvoie à la question de la primo-intervention. Nous ne pouvons en effet pas demeurer dans l'improvisation continue. Vigipirate a duré 20 ans, quid de Sentinelle qui mobilise 7 000 hommes ? Durera-t-elle aussi 20 ans voire plus ? À l'heure actuelle et sans avoir les éléments de réponse définitifs, cela me paraît improbable. Il faut donc apporter une réponse différente en matière de renseignement, d'entraînement, de port d'arme. Olivier Audibert Troin évoquait également la question de l'amélioration de la « culture générale » du citoyen français afin de renforcer notre résilience et notre capacité à nous protéger d'actes terroristes. Tel serait l'objet de cette journée universelle de réserve obligatoire par an, dont il faudrait établir les modalités. Mais, au final, en 2017 ou après 2017, il faudra de nouveau actualiser la loi de programmation militaire…

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