Intervention de Nicolas Dhuicq

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Je félicite également nos collègues pour cet excellent rapport. J'ai toutefois quelques questions car j'ai l'impression que nous sommes toujours, si j'ose dire, dans le coup d'après. Concernant l'entraînement, la question cruciale du calibre des armes et du passage du 9 mm au 5,6 mm se pose, et renvoie d'ailleurs à celle de la filière munitions et de la production nationale de nos cartouches. Ainsi, un gendarme tire en moyenne 90 cartouches par an à peine, et ce sur cible statique, alors qu'au moins 300 cartouches seraient nécessaires à l'entraînement au tir dans le contexte d'une foule en mouvement. Se pose également la question de la protection des forces de sécurité intérieure au sens large, dans lesquels j'inclus les surveillants pénitentiaires qui ne disposent pour transférer un prisonnier dangereux que d'un gilet pare-balles ‒ lequel n'est d'ailleurs pas une dotation personnelle et se limite souvent à une vieille flak-jacket ‒ et qui n'ont pour accompagner ce même détenu à l'hôpital ni arme ni flak-jacket. Deux surveillants ont failli mourir il y a deux ans parce que le civil qui conduisait le véhicule ne pouvait intervenir. L'équipement doit évoluer.

Nous devrions savoir dans cette commission que les cibles ne sont pas seulement statiques ; il y a aussi des scenarii d'attaque sur des cibles humaines spécifiques. Il y a quelques mois, un officier a failli le payer de sa vie. Le risque, c'est une politique de la terreur avec enlèvement, égorgement filmé et diffusion de la scène sur toutes les chaînes de télévision de France. Je m'interroge aussi quant aux cibles rurales ; j'ai reçu dans ma commune de 3 000 habitants un dénommé Farouk Ben Abbes, assigné à résidence, et je n'ai à ce jour aucune réponse du ministre de l'Intérieur concernant les moyens de notre brigade de gendarmerie, qui n'est pas équipée et n'a reçu aucun moyen supplémentaire pour surveiller un individu qui, de six heures à vingt heures, peut déambuler librement. Au sein de la ruralité, un des risques est la prise d'un village et l'appel à tous les musulmans islamistes de France à rejoindre le drapeau de l'État islamique flottant sur la mairie. Ce scénario est envisageable. Devons-nous constituer une force de frappe spécifique au lieu de répartir des soldats sur l'ensemble du territoire ? Notre collègue Malek Boutih évoquait une nouvelle force, mais je pense que cette force est la gendarmerie nationale, de statut militaire, qui peut constituer des unités de ce type. Je crois en effet qu'à terme, l'armée de terre ne pourra pas maintenir son effort actuel, qui aura des effets psychologiques non mesurés aujourd'hui.

Le commandement interministériel dont vous préconisez la création me semble une bonne chose mais vous évoquez sa direction par un préfet et non par un militaire, alors que l'équipement de nos forces de sécurité intérieure se rapproche de plus en plus de celui de l'armée de terre. Vous parliez du FAMAS, mais Thales a présenté à Eurosatory un fusil de trois kilos et demi très maniable dont la version 5,6 mm semble intéresser les gendarmes. Le calibre des armes est un élément important du débat sur les cibles : devons-nous tirer pour mettre hors d'état de nuire ou stopper et tuer ? Je suis favorable à ce que l'on revienne à une force de gendarmerie développée, avec des unités mobiles, que le ministre de l'Intérieur a commencé à mettre en place, et je plaide pour une force d'intervention rapide pour le type de scenarii que j'évoquais.

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