S'agissant de la répartition des effectifs de l'opération Sentinelle entre zones urbaines et zones rurales, nous ne disposons pas de données chiffrées définitives, mais d'ordres de grandeurs significatifs. Ainsi, entre 70 et 75 % des militaires qui ont participé à cette opération ont été déployés en région d'Île-de-France, où il est vrai que sont concentrés bien des centres de décision et des objectifs potentiels. Comment être le plus efficace en zone rurale ? Élu de la ruralité moi-même, je pense que ces espaces peuvent être très vulnérables. Des réponses ont déjà été en partie apportées à cette question, avec la réorganisation sur une base régionale des diverses forces d'interventions, telles que le RAID, les BRI ou le GIGN. Par ailleurs, une tendance à conduire davantage d'exercices militaires au sein des populations, hors des camps militaires, est à l'oeuvre. Enfin, il faudra probablement augmenter les effectifs de la gendarmerie de manière à garantir sa meilleure présence sur le territoire. Pour ce qui est de la qualité professionnelle des personnels militaires déployés, les évènements de Valence et de Nice ont démontré leur extrême professionnalisme et leur capacité à réagir de manière adaptée.
En ce qui concerne le surcoût de l'opération Sentinelle, il s'établit en 2015 à 118 millions d'euros hors titre 2 – c'est-à-dire hors dépenses de personnel – et à 55,5 millions d'euros pour le titre 2.
Pour répondre à notre collègue Yves Fromion, il n'est bien entendu pas question de considérer nos armées comme des forces de sécurité « low cost », mais simplement de relever que nos calculs montrent – en première approximation et sous toute réserve – que, pour assurer une même mission de garde statique permanente, il faut 5,77 policiers là où il faut 3,69 militaires. Cela s'explique bien entendu par des différences statutaires et de temps de travail.
Pour ce qui est du profilage à l'aéroport de Tel Aviv, ma propre expérience lors de notre déplacement est significative. En effet, lors de l'interrogatoire de sécurité, j'avais oublié le nom de l'hôtel dans lequel nous avions séjourné ; cela m'a valu de patienter le temps que soient opérées des vérifications complémentaires des plus efficaces… Est-ce à dire que c'est à nos armées qu'il revient de développer de tels moyens de suivi et de profilage ? Je ne le pense pas ; cela ressort plutôt des compétences des forces de sécurité intérieure et des services de sécurité aéroportuaire.
Pour répondre à la question portant sur le rôle des militaires de Sentinelle aux abords du Bataclan, je rappellerai que le ministre de la Défense a répondu ici même en relevant qu'il s'agissait d'une question opérationnelle et qu'en l'espèce, nos militaires avaient obéi aux ordres qui leur avaient été donnés de sécuriser le périmètre afin de faciliter le travail des unités d'intervention. Tout ceci plaide d'ailleurs à mon sens pour l'organisation d'une structure interministérielle de planification et de commandement.