Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 27 juin 2016 à 16h00
Égalité et citoyenneté — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, vous me permettrez de ne pas avoir la même approche que mes prédécesseurs à cette tribune. Si le projet de loi comporte une série de mesures – pas toujours cohérentes entre elles, d’ailleurs – qui méritent d’être commentées les unes après les autres, je prendrai, à l’occasion de cette discussion générale, un peu de recul sur le sujet qui nous préoccupe, à savoir l’égalité et la citoyenneté, et le lien qui les unit ; faute de quoi l’on se bornerait à l’examen de mesures successives sans en saisir le sens général.

Égalité et citoyenneté, voilà deux piliers de notre Révolution de 1789, deux piliers que notre Constitution se charge, encore et toujours, de mettre en oeuvre. C’est notre boussole permanente que de créer les conditions de l’égalité entre les individus, autant que de nous soumettre à l’autorité politique des citoyens. C’est à nous également qu’il revient d’approfondir et d’affermir la citoyenneté véritable, celle qui ne saurait nous distinguer en fonction du sexe, de la couleur de peau ou du statut social, pas plus qu’en vertu de nos convictions et de nos consciences, lesquelles doivent rester libres.

Pourtant, soyons francs, l’égalité proclamée il y a plus de deux siècles n’existe toujours pas – elle n’est pas réelle – sauf, peut-être, en ce qui concerne le droit de vote depuis qu’il a été conquis par les femmes : je dis bien « conquis » et non « accordé », comme on l’affirme encore trop souvent, en révélant ainsi que les inégalités entre les supposés « décideurs » et les prétendus « subordonnés » restent solidement ancrées dans les représentations mentales.

Cette égalité peut exister en droit – et encore, trop de lois et de dispositions légales font exception au principe. Mais elle n’offrira jamais les mêmes chances, tant que n’existera pas l’égalité des conditions.

Aux commandes du pays depuis 2012, votre feuille de route était d’ailleurs claire : réduire les inégalités économiques – avant de les abolir un jour – et mettre fin aux discriminations entre Français.

Nous sommes à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle et, après n’avoir rien fait qui ait vraiment réduit les inégalités concrètes dans la vie réelle, voilà que vous nous soumettez un projet loi dont, à vrai dire – comme je l’ai souligné tout à l’heure –, personne ne comprend vraiment le sens général, même si quelques mesures méritent qu’on s’y arrête.

Bien sûr, vous avez rappelé quelques mesures utiles, mais si j’affirme ici que vous n’avez pas été à la hauteur, et que ce projet de loi est lui-même très minimaliste, ce n’est pas par esprit de polémique mais bien parce que l’insolence des revenus de quelques-uns insulte encore chaque jour les humbles, et plus que tout les femmes.

C’est aussi parce que la relégation de nos compatriotes dans nos quartiers et campagnes populaires au rang de citoyens de seconde zone reste un fait têtu et détestable.

C’est enfin parce que les Français d’origine étrangère sont encore considérés par une partie de notre pays – élite incluse – comme d’origine étrangère, avant d’être considérés comme des Français à part entière.

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