Député d'une circonscription dont le Liban est un des principaux pays, je dois dire que j'ai beaucoup appris à la lecture de ce rapport.
Nous avons un passé important au Liban et notre engagement nous a d'ailleurs coûté très cher. De 1980 à 1990, nous avons voulu jouer un rôle très important dans ce pays historiquement et réellement ami. M. Assad père a toujours souhaité que nous déguerpissions et que nous ne puissions pas entretenir les relations privilégiées que nous voulions. Il nous l'a fait payer très cher par des assassinats et des attentats multiples, qui nous ont coûté quelques centaines de morts. Il faut s'en souvenir. Espérons que ce passé soit révolu, mais cela crée entre le Liban et nous les liens du sang. Je pense en particulier à tous nos militaires morts sur place.
Autre élément important, il y a une présence très forte de la communauté française, en général franco-libanaise. Elle tient une partie de la politique et de l'économie. C'est une communauté brillante et souvent tentée par le départ, malheureusement peu souvent vers la France, car il y a un fort tropisme américain et canadien. Il faut se battre et faire comprendre à nos compatriotes que les liens entre nous doivent les amener à regarder davantage vers la France
Je n'ai pas compris ce qui s'est passé quand l'Arabie saoudite a proposé d'équiper l'armée libanaise, avec un contrat bénéficiant à l'industrie française. Tout semblait bien parti. Les ministres de la défense et des affaires étrangères nous ont dit, ici-même, que le contrat était fait. J'avais l'impression qu'il y avait des réticences, mais le ministre de la défense nous a redit au début de l'année que tout était réglé. Ce n'est pas le cas. On peut comprendre qu'il y ait des réticences à livrer des armes au motif que le Hezbollah pourrait éventuellement en profiter. J'étais avec le Premier ministre en Arabie saoudite quand ce sujet a été évoqué et j'ai l'impression que les responsables saoudiens nous ont pris pour des imbéciles en essayant de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. J'ai le sentiment que leur décision est ferme et définitive, ce qui signifie que nous n'armerons pas l'armée libanaise. Elle restera donc abandonnée à elle-même, à moins que d'autres pays ne se substituent à nous. Nul ne sait quelles pourraient être les évolutions, en particulier à cause de l'Etat islamique, même s'il y a au Liban le Hezbollah qui, dieu merci, est capable de défendre ce pays.
Saad Hariri est le patron de l'entreprise Saudi Oger. Peut-être par suspicion à l'égard des Libanais, l'Arabie saoudite a suspendu ses paiements à cette entreprise. J'ai plus de 450 familles françaises en quelque sorte prises en otage en Arabie saoudite, car elles n'ont plus d'argent, même pour financer la scolarité de leurs enfants et pour se nourrir. Elles sont suspendues au bon-vouloir de Saad Hariri et surtout, sans doute, des autorités saoudiennes. J'ai demandé à m'entretenir avec Saad Hariri à la fin du ramadan à Beyrouth pour voir ce qu'il est possible de faire pour ces familles. Elles se trouvent dans un grand dénuement.