La question des frontières de l’Union européenne, celle des réfugiés, est celle de l’Europe de tout entière et non pas seulement de quelques pays limitrophes. Pas à pas, nous sortons des ornières que la marche du monde laisse sur notre chemin. Ce n’est pas toujours suffisant mais c’est déjà ça. Les esprits progressent au point que nous devons aujourd’hui aller plus loin.
J’en viens à mon deuxième point : évitons de jouer avec le feu et d’instrumentaliser l’Europe à des fins de politique intérieure. L’exemple anglais est éloquent : le pays semble profondément divisé et l’effet de souffle du brexit atteint jusqu’à l’unité même du royaume. La victoire des partisans du brexit n’entraîne aucune euphorie, au contraire : on perçoit un certain embarras. Le camp du « out » est sonné par ses mensonges et ne manifeste plus qu’un manque d’assurance devant l’immensité de la tâche qu’il lui faut accomplir et les effets potentiellement catastrophiques de la décision qu’il a fait prendre.
J’ose le dire ici : nous avons trop tendance à désigner Bruxelles comme responsable de nos propres errements. Cela ne date pas d’hier mais il est vrai que les compromis européens manquent souvent de souffle, d’audace et d’ambition. Mais c’est le fait des gouvernements ou des chefs des vingt-huit États membres, pas de l’Union européenne en tant que telle ! L’Europe fonctionne ainsi, oscillant depuis quinze ans entre la volonté de s’affirmer comme une puissance mondiale et celle de n’être qu’une simple zone de libre-échange.
Quoi qu’il en soit, elle est aujourd’hui trop vaste pour permettre à tous les États membres d’avancer d’un même pas. C’est pourquoi nous pensons, monsieur le Premier ministre, que la zone euro constitue le niveau le plus pertinent pour agir et que la France doit prendre très vite des initiatives en son sein.
J’en viens à mon troisième point, qui fera office de conclusion : nous devons bâtir l’Europe par la preuve. La semaine dernière, avant même que les Britanniques ne votent, avec mon collègue Thomas Oppermann, président du groupe SPD du Bundestag, nous écrivions qu’il fallait donner du sens à notre projet européen, montrer qu’il est politiquement piloté et mettre en valeur ses réalisations.