Ces trahisons se payent aujourd’hui encore. La confiance est désormais rompue entre les peuples européens et l’Union censée parler et agir en leur nom. C’est aussi cette rupture qui s’est manifestée lors du référendum britannique.
Le sens de ce vote mérite une réflexion approfondie car il en dit long sur l’état d’anxiété des sociétés européennes et sur l’incapacité de leurs dirigeants à montrer un cap et à offrir un projet digne de l’idée européenne.
Nous n’ignorons pas le poids du discours nationaliste et xénophobe sur le résultat du référendum. La décision de sortie du Royaume-Uni est aussi le produit des surenchères populistes et nationalistes de la droite britannique mais en réalité ce discours, qui flatte la part la plus vile de l’être humain, traverse le continent européen tout entier. Aussi il nous faut mettre en garde contre la stigmatisation des immigrés, qui ne fait pas partie des valeurs de l’Europe mais qui a déjà entaché son histoire de sang.
Si l’heure est à la reconstruction européenne, celle-ci devra se faire sur des bases saines, celle de l’humanisme et de la solidarité, et non pas sur le nationalisme et la peur de l’autre, qui sont autant d’impasses mortifères pour les peuples européens. L’état de paix relative que connaît le continent depuis soixante-dix ans doit être préservé à tout prix. C’est pourquoi il faut refuser sa mise en danger par des politiques européennes qui ignorent les besoins des peuples, perdant ainsi toute légitimité.
Les réactions suscitées par la globalisation et l’intégration européenne trahissent un profond désenchantement. Ce sentiment n’est pas nouveau. L’intégration naturellement heureuse s’avère une illusion. La vague néolibérale a écrasé le projet européen et, partant, l’ambition de réactiver un idéal. Un sentiment de vide s’est emparé de nos concitoyens, sentiment qui s’explique par l’absence de perspective politique alternative à l’Europe qu’on nous propose, ou plutôt qu’on nous impose.
C’est pourquoi le brexit offre une occasion historique de donner un nouveau sens à l’Europe. Il s’agit en effet de construire avec et pour les citoyens une Europe sur des bases plus saines, c’est-à-dire plus démocratiques et plus sociales.
Le Front de gauche, avec de nombreux autres progressistes, notamment au sein de cette assemblée, combat l’Europe des marchés financiers, du libre-échange et de la libre concurrence, l’Europe de l’austérité budgétaire et du dumping social. Ce dernier point illustre combien le projet européen, qui devait réunir les peuples, aboutit finalement à les mettre en concurrence dans une compétition synonyme de régression sociale.