Cette obsession de la discipline budgétaire n’est rien d’autre qu’une liquidation en bonne et due forme de tout ce qui fait notre richesse. Ainsi, paradoxalement, l’Europe, cette collectivité censée réunir les peuples, pulvérise peu à peu, pour se conformer au diktat des marchés, toutes les formes de vie collective, les services publics, la protection sociale et le droit social, mais aussi la vie dans nos campagnes et nos territoires.
La réalité, c’est que les peuples sont sous l’emprise de la sacro-sainte dette publique. C’est pourquoi nous proposons la tenue en urgence d’une conférence européenne sur la dette, afin d’en alléger le fardeau et de permettre la réappropriation collective de cet enjeu essentiel.
L’action de la BCE, qui a à peine calmé pour un temps les ardeurs des marchés, n’a quasiment pas d’effet sur l’économie réelle et l’argent créé vient alimenter une bulle qui nous menace. Plus que jamais, il faut orienter l’action de la BCE vers la transition énergétique, l’investissement et les emplois durables.
Enfin la lutte contre l’évasion et la concurrence fiscales, les fléaux, fléaux qui sont les cancers de l’Europe, doit dépasser la simple déclaration d’intention pour devenir effective.
La question budgétaire ne concerne pas que les États : l’Union européenne elle-même doit se défaire de son corset. On ne le répétera jamais assez, un budget étriqué, qui représente près de 1 % de la richesse créée dans l’Union européenne, est une absurdité économique. Dans une zone économique intégrée, se doter d’un tel budget revient à se priver d’une arme ciblée pour dynamiser l’activité.
Si l’Europe veut réellement sortir de la crise dans laquelle elle est engluée, elle ne peut se contenter d’un budget a minima. Elle doit être ambitieuse pour son avenir et se donner les moyens d’agir ; elle doit accorder la priorité au développement social, à la solidarité, et avoir une véritable politique de développement industriel, de recherche et d’innovation. Ce travail doit déboucher sur un nouveau traité – oui, un nouveau traité – dont la France doit prendre l’initiative.