Intervention de Philip Cordery

Séance en hémicycle du 28 juin 2016 à 15h00
Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilip Cordery :

Je suis convaincu que si l’Europe va mal aujourd’hui, c’est justement parce qu’elle est inachevée, bloquée et mal assumée. C’est ce triple défi qu’il nous faut relever dans l’intérêt des Européennes et des Européens et dans celui des Françaises et des Français.

C’est pourquoi il nous faut d’abord achever l’intégration. La politique des petits pas a laissé l’Union européenne au milieu du gué, créant ainsi de nombreux déséquilibres que les grandes crises récentes ont mis en lumière. L’espace Schengen de libre circulation n’est pas viable sans une politique efficace de contrôle des frontières extérieures et sans une politique commune d’asile et d’immigration.

De la même manière, une monnaie commune ne peut être stable sans une coordination réelle des politiques économiques, une harmonisation des politiques fiscales et une convergence des politiques sociales et salariales. Nous devrons aussi préférer davantage la coopération à la concurrence.

C’est donc autour d’un certain nombre de propositions claires que la France et ses principaux partenaires, l’Allemagne et l’Italie en particulier, doivent prendre leurs responsabilités pour relancer l’Europe : un pacte de sécurité intérieure et extérieure afin de lutter efficacement contre le terrorisme, avec notamment un renforcement de la coopération policière et judiciaire et une union en matière de défense ; une révision des accords de Schengen et de Dublin afin de renforcer la sécurité aux frontières extérieures et de mettre en place une politique commune de l’asile, notamment avec la création d’un office européen des réfugiés ; une priorité renouvelée à l’investissement au travers de la consolidation du plan Juncker pour permettre le financement de la transition écologique et numérique et une détermination à investir massivement pour la jeunesse ; le renforcement de la zone euro par une véritable coordination des politiques économiques ; une convergence des politiques fiscales, salariales et sociales ; un budget propre qui permette d’assurer la solidarité et de faire face aux chocs macroéconomiques, avec un ministre des finances pour en assurer la direction et un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique.

Il nous faut ensuite avancer avec ceux qui le veulent. Depuis quelques années, la recherche permanente du consensus et la volonté manifeste de certains États de ne plus aller de l’avant bloque toute initiative d’envergure. Certes, le plan Juncker, la garantie jeunesse et l’Union bancaire ont été mis en oeuvre grâce à l’insistance de la France mais c’est d’une ambition supérieure que nous avons besoin aujourd’hui. Si les Vingt-Sept ne veulent pas avancer ensemble, il faudra en prendre acte et avancer avec ceux qui partagent cette ambition. La zone euro est déjà un espace de coopération renforcée ; elle est une construction politique, qui doit devenir un espace d’intégration économique, fiscale et sociale, doté d’institutions fortes et démocratiques.

Il nous faut enfin assumer nos choix. Nous avons fait le choix de la construction européenne : c’était le bon choix. Il n’y a pas d’alternative crédible. Le repli sur soi, sur nos frontières nationales, n’est pas une option. Alors, arrêtons l’Europe honteuse ; arrêtons de blâmer Bruxelles pour nos propres choix ; arrêtons la fuite en avant : soyons fiers de porter un projet commun. Agissons et assumons nos choix.

Pour que la crise qui s’ouvre devienne le début de la reconquête de notre destin européen, nous avons besoin d’un « triple A » pour l’Union européenne : achever son intégration, avancer avec ceux qui veulent et assumer nos choix.

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