Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du 28 juin 2016 à 15h00
Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Pourquoi avez-vous consenti à un libre-échange naïf qui explique l’ampleur des délocalisations, ce que vous découvrez tous aujourd’hui ? Pourquoi avez-vous obéi à la demande allemande d’imposer à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal des cures d’austérité inutiles et inefficaces ? Pourquoi, monsieur le Premier ministre, M. le Président de la République a-t-il toléré que Mme Merkel négocie seule avec M. Erdogan la libéralisation des visas à partir du 1er octobre ? Pourquoi n’avez-vous pas rétabli les frontières quand l’Allemagne a accepté sur son sol plus d’un million de migrants, mettant en danger l’équilibre du continent ?

Pourquoi, si le traité transatlantique est aussi dangereux que vous le découvrez aujourd’hui, n’avez-vous pas déjà rompu les négociations et montré la capacité de la France à dire non ?

Pourquoi, en période de disette budgétaire, tolérez-vous que, chaque année, notre pays verse huit milliards d’euros de contribution nette pour nourrir ce monstre bureaucratique ?

Assez d’hypocrisie, mes chers collègues ! Les Français n’attendent plus des discours mais des actes.

Comment croire que vous pourrez réformer un système que vous avez vous-même créé et dont vous êtes prisonniers ?

Pour le réformer, en effet, ou du moins le restructurer en profondeur et retrouver un peu de crédibilité aux yeux du peuple français, il faut tout simplement, comme les Britanniques, oser en sortir, non pas pour s’isoler et transformer la France en une île au milieu de l’Atlantique mais pour remplacer cette très mauvaise Union européenne, qui nous asphyxie, nous assassine, par la seule Europe qui peut marcher et qui a déjà fonctionné : l’Europe des nations libres et des projets concrets.

L’Europe des États libres, cela signifie que chaque pays récupère son droit de veto, le fameux compromis de Luxembourg, la maîtrise de ses frontières, de ses lois, de son budget et de sa monnaie. Une Europe européenne, c’est une Europe qui rompt avec le traité transatlantique et la soumission aux États-Unis et qui affirme clairement qu’elle ne s’étendra pas à la Turquie. C’est aussi une Europe des projets concrets, à l’image d’Airbus et d’Ariane, les deux seules réalisations européennes qui ont fonctionné parce qu’elles n’ont pas été mises en place par la Commission de Bruxelles.

Aujourd’hui, le choix est très simple : foncer dans le mur ou remplacer l’Union européenne, mais pour y réussir encore faudrait-il savoir quel projet nous voulons pour la France. Or je n’ai pas entendu un mot sur la France dans ce débat. Seule une France forte, juste, libre, capable de s’adresser au monde et qui ne soit pas soumise à l’un de ses partenaires, peut retrouver la force de changer l’Europe en profondeur, parce que, d’abord, elle aura pu reconquérir sa liberté.

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