Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 29 juin 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Rôle de la france en europe

Manuel Valls, Premier ministre :

Mais, par-delà ces aspects, vous avez traité de deux sujets. Le premier renvoie, au fond, à la question de savoir ce qu’est l’Europe. J’ai essayé de le dire hier ; d’autres voix – je pense à François Fillon – ont également fait écho à mes propos.

Nous sommes un espace, une culture, une civilisation, une histoire, avec son cortège de drames, car c’est en Europe que sont nées les pires idéologies au XXe siècle, qui ont conduit au désastre. C’est pour cette raison qu’un certain nombre d’hommes ont décidé de la construction européenne après la Deuxième Guerre mondiale et la Shoah. Nous sommes donc cet espace de civilisation, une culture caractérisée par nos libertés, par le progrès, par l’égalité entre les femmes et les hommes.

Cet espace de progrès est évidemment contenu dans des frontières, qui peuvent nous permettre aussi de défendre un modèle social. C’était cela, aussi, l’Europe, sous l’impulsion du modèle social français et du modèle rhénan allemand. Nous l’avons toujours défendu. Il est contenu, je le répète, dans un espace, ce qui ne nous empêche pas de bâtir de grandes alliances stratégiques avec la Russie, la Turquie, le Proche et le Moyen-Orient, ou encore l’Afrique, pour ne parler que de nos voisins. Je pense que nous pouvons nous mettre d’accord là-dessus également, à condition qu’il s’agisse d’un modèle généreux, ouvert et tourné résolument vers l’avenir. C’est cette idée de l’Europe que, je crois, nous pouvons défendre.

Nous pouvons d’autant plus la défendre, monsieur Leonetti – je l’ai dit hier en réponse aux orateurs – qu’un débat se tiendra en 2017 sur l’idée que l’on se fait de la France dans l’Union européenne. Sans vouloir caricaturer le débat, ceux qui sont désireux que la France continue de compter dans ce modèle européen s’opposeront à ceux qui, tels le Front national ou d’autres, qui se sont exprimés hier, pris par leur élan aux seules fins de politique interne, voudront que la France sorte de l’Union européenne. Ce sera l’un des clivages essentiels en 2017.

L’autre sujet est celui des frontières. J’ai répondu à ce propos à Guillaume Bachelay. Ne créons pas des débats là où il n’y en a pas. Les frontières européennes ont sans conteste connu une situation difficile, avec la crise des réfugiés. Ce drame épouvantable nous oblige aussi à mettre en oeuvre pleinement notre modèle en matière d’asile. Ce problème est incontestable. Il a fallu la force et la combativité de la France, du Président de la République, du ministre de l’intérieur…

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