Intervention de Hervé Féron

Réunion du 22 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Ma question porte sur le passage du rapport dans lequel vous soulignez que les réseaux sociaux tels que Facebook amplifient les comportements humiliants ainsi que les harcèlements. Le cyber-harcèlement constitue un sujet de préoccupation majeur lorsque l'on évoque le sujet des technologies de l'information et de la communication et la sexualité des jeunes.

Vous n'évoquez toutefois pas les nouvelles applications permettant les rencontres d'un soir comme Tinder, alors que plus de jeunes qu'on ne le pense l'utilisent, même au lycée ; ces applications peuvent conduire à des relations sexuelles bien réelles, mais non exemptes de risques physiques et psychiques.

Selon vous, ces applications sont-elles appelées à durer ? Plus encore que les simples sites de rencontre, leur instantanéité ne risque-t-elle pas de concourir à déshumaniser les rapports sexuels et, par-delà, les rapports humains ? Une sensibilisation des intéressés au cours des séances d'éducation à la sexualité organisées dans les collèges et lycées serait-elle susceptible d'aider les jeunes à prendre du recul avec ces moyens de communication qui « cartonnent » aujourd'hui ?

Votre rapport, intitulé L'éducation à la sexualité : répondre aux attentes des jeunes, construire une société d'égalité entre les femmes et les hommes, ne s'intéresse pas seulement à l'égalité et aux discriminations sexistes, mais aussi aux discriminations homophobes, qui, malheureusement, vont souvent de pair. J'ai d'ailleurs remarqué que le terme « homophobie », en tant qu'entrave à la liberté, revenait plus souvent que celui d'« homosexualité ». Il me semble que l'éducation à la sexualité ne devrait pas se borner à battre en brèche les discriminations homophobes, mais devrait faire prendre conscience aux jeunes de leur droit à vivre leur orientation sexuelle, et les aider à l'accepter de façon positive, sans souffrir de discrimination.

Vous soulignez le rôle prépondérant pris par internet dans la recherche d'informations sur la sexualité, du fait de la confidentialité et de la disponibilité qu'il propose. Toutefois, il apparaît que la majorité des sites prétendant apporter des réponses ne font que desservir les utilisateurs en fournissant des informations erronées ou culpabilisantes, banalisant la violence sexuelle ou les stéréotypes sur l'identité sexuelle. Ainsi, le site Doctissimo en donne le pire exemple : on y trouve n'importe quoi puisqu'il permet à n'importe qui de répondre aux questions posées par d'autres internautes, toujours de façon totalement anonyme. Ne conviendrait-il pas de modérer certains sites d'intérêt public et d'en mettre d'autres en valeur par une labellisation publique approuvant leur contenu ? Comment inciter les jeunes à chercher ailleurs pour se renseigner sur la sexualité ?

Enfin, ce mois-ci, le Planning familial fête ses soixante ans, alors même que les propos de politiques inconscients et populistes veulent remettre son action en cause quand il faudrait le doter de moyens supplémentaires. Ne pensez-vous pas que ces moyens financiers seraient nécessaires et qu'une meilleure communication sur internet du Planning familial auprès des jeunes constituerait une solution pour renforcer son action ?

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