Le constat dressé par le rapport n'enjoint pas à l'optimisme, et montre bien qu'il faut agir sur plusieurs plans.
Je me pose bien des questions, et cela est lié au décès de Benoîte Groult, car nous avons le sentiment de patauger au sujet de l'éducation à la sexualité : elle est délicate, et nous revenons toujours aux pratiques du passé, aussi nous trouvons-nous impuissants devant les réseaux sociaux et les difficultés à communiquer sur une question essentielle.
Ainsi, le projet de la féminisation de la langue et des noms de métiers, qui existe depuis longtemps, est très important, car on pourrait augmenter à l'envi la formation des enseignants et des recteurs tout en restant enferrés dans les mêmes problématiques. En revanche, la langue pose la question de l'identification, qui est essentielle. Ainsi, il y a trois ans, en Suède, un pronom neutre a été créé, non pour neutraliser l'identification mais pour permettre aux individus en voie de construction dans une identité relationnelle – c'est-à-dire un sexe par rapport à l'autre – de recourir à un tiers neutre. Il s'agit d'utiliser un pronom, qui n'est pas là pour neutraliser la sexualisation mais au contraire pour établir une distance constructive pour les enfants et éviter de manipuler des objets ou des totems marqués du sceau de millénaires de domination.
La langue ne neutralise pas, elle crée des séries identificatoires, ce que Gilles Deleuze avait constaté dans ses travaux sur la schizo-analyse et relatifs à la coupure du sujet, car la langue peut recréer ce type de dispositifs ; la question est si vaste que l'on se sent dépassé.
C'est pourquoi, si je partage les propositions du rapport, je me pose la question : est-ce sur ce terrain que les choses se jouent ou l'enjeu n'est-il pas celui de la langue qui nous permet de nous exprimer ?