Intervention de Ericka Bareigts

Séance en hémicycle du 1er juillet 2016 à 21h30
Égalité et citoyenneté — Après l'article 63

Ericka Bareigts, secrétaire d’état chargée de l’égalité réelle :

Je prendrai un peu de temps pour vous répondre, monsieur le député, car le sujet est grave. C’est en effet Mme la rapporteure thématique qui nous a soufflé cette affaire en commission spéciale.

Vous le savez, l’histoire de l’esclavage, de la traite et de leur abolition intéresse au plus haut point les autorités et l’État. Le Président de la République lui-même a toujours soutenu tous ceux qui s’investissent pour que l’histoire de la traite, de l’esclavage et de leur abolition soit transmise, comprise, apprise sur tout le territoire, dans l’Hexagone et en outre-mer. Il l’a dit lors de l’inauguration du Mémorial ACTe, l’an dernier, chez vous, monsieur Lurel, et répété dans son discours du 10 mai dernier. Avec la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, il porte un grand intérêt au travail des historiens et à l’enseignement de l’histoire de l’esclavage et des abolitions, notamment auprès des élèves de primaire, de collège et de lycée.

Pour prolonger le travail accompli depuis dix ans par le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, le Président de la République a ainsi annoncé le mois dernier la création, avant la fin de l’année 2016, d’une fondation pour la mémoire de l’esclavage, de la traite et des abolitions. Le Comité national, que j’évoquais à l’instant, en deviendrait le conseil scientifique, pour y organiser des travaux de recherche. Cette fondation associera tous les acteurs – publics, privés, associations, entreprises – et diffusera la connaissance de l’esclavage, de la traite, mais aussi tout le combat des abolitionnistes. Elle appuiera les collectivités, les entrepreneurs de la mémoire, pour que l’institution soit reconnue, et elle nouera des partenariats à l’étranger.

Elle portera aussi des travaux de recherche. Mais différents établissements d’enseignement supérieur ou de recherche travaillent déjà à cette question précise. Je pense notamment à l’Institut des mondes africains, unité mixte de recherche placée sous la cotutelle du centre national de la recherche scientifique – le CNRS –, de l’Institut de recherche pour le développement, de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et de l’université d’Aix-Marseille. Je pense également au centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe, qui dépend du CNRS et de l’université des Antilles.

J’entends l’interrogation que vous exprimez à travers votre amendement, monsieur Lurel, et je me dois de rappeler que la création d’une chaire universitaire consacrée à l’étude de l’histoire de l’esclavage, de la traite et de leur abolition, n’est pas une question dont l’opportunité se discute entre le Parlement et le Gouvernement. Cela relève aussi de la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur, dont l’autonomie est garantie, le Gouvernement y est très attaché. Cela signifie que je ne suis pas favorable à l’adoption de votre amendement, même s’il ne s’agit, à ce stade, que d’un rapport.

En revanche, cela ne veut pas dire que le Gouvernement et le Parlement n’aient pas leur mot à dire sur l’étude de l’histoire de l’esclavage, de la traite et de leur abolition. La ministre de l’éducation nationale m’a informé de son souhait de voir organisé, devant la représentation nationale, un débat sur les axes d’études et de recherche à privilégier dans les orientations de l’enseignement supérieur et de la recherche, à l’occasion de la présentation du Livre blanc de l’enseignement supérieur et de la recherche, par le Gouvernement, en fin d’année 2016.

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