C’est en effet parce que les Français ont accompli des efforts durant la première moitié du quinquennat que les résultats sont là.
Il fallait commencer par redresser notre économie. Nous l’avons fait en mettant en place le pacte de responsabilité et de solidarité et le CICE. En quatre ans, nous avons considérablement modernisé notre économie. Les marges des entreprises ont enfin été redressées. Le coût du travail est aujourd’hui inférieur dans notre industrie à ce qu’il est chez nos voisins allemands, que l’on aime tant citer en exemple, sans que cela ait eu des conséquences sur le pouvoir d’achat des salariés, puisque ce sont les allégements de charges qui ont été privilégiés.
La rapporteure générale, Valérie Rabault, nous a présenté, en commission des finances, un graphique très intéressant, mettant en relief la baisse des cotisations patronales permise par le CICE et le pacte de responsabilité. Ainsi, en 2007, les cotisations patronales représentaient 20 % du salaire brut pour une personne payée au SMIC, 20 % également en 2012 et, par suite de la mise en oeuvre du pacte de responsabilité, 10 % en 2015. Et pourtant, comme l’a indiqué le président de notre commission, Gilles Carrez, « de nombreux employeurs continuent de penser que les niveaux sont exorbitants ».
Avant toute redistribution, il était impératif de rétablir la compétitivité et les comptes publics. Cette première étape ayant été franchie, il est maintenant possible de rendre aux Français, notamment aux plus modestes d’entre eux, une partie des gains de la croissance, qui est revenue. Nous avons d’ailleurs commencé à le faire, en baissant l’impôt sur le revenu des plus modestes, leur redonnant ainsi du pouvoir d’achat. Il faut aller plus loin et, sans plagier les échos de ce jour, ni opposer les catégories les unes aux autres, baisser l’impôt sur le revenu des classes moyennes, car les ménages ont participé plus fortement que les entreprises au redressement des comptes.
L’année 2015 marque la reprise effective de la croissance. Celle-ci reste certes fragile mais elle est là et, plutôt que d’envisager des mesures drastiques pour faire passer le déficit, à tout prix, sous la barre des 3 %, il me semble préférable de la consolider, afin de faire reculer enfin de manière durable le chômage, véritable fléau de nos sociétés modernes.
Je souhaite insister, mes chers collègues, sur le fait que la réduction du déficit ne doit pas s’effectuer à marche forcée ou être cadenassé par je ne sais quelle règle d’or, mais que son rythme doit être adapté aux réalités de notre pays. À terme, mener une des nombreuses politiques d’austérité proposées par les innombrables candidats à la primaire de droite risquerait de freiner la croissance, donc la création d’emplois – sans parler évidemment des risques que font peser les politiques d’austérité sur la cohésion européenne.
Adapter nos politiques aux réalités de notre pays, c’est aussi engager des dépenses nouvelles, je ne le nie pas. Mais qui peut soutenir qu’il ne fallait pas de plan de soutien à l’emploi, qu’il ne fallait pas d’aides exceptionnelles pour nos agriculteurs, qu’il ne fallait pas revenir sur la loi de programmation militaire, qu’il ne fallait pas créer davantage de postes de gendarmes et de policiers, ou encore que les créations de postes dans l’éducation nationale sont une dépense inutile ?