Intervention de Michel Sapin

Réunion du 14 juin 2016 à 17h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics :

Les mécanismes ne sont pas de même nature que dans une entreprise. Et une entreprise ne va pas investir uniquement parce que les taux sont bas, il lui faut un marché. Je comprends le débat, mais je ne suis pas favorable à cette solution. La politique du Gouvernement n'est pas de creuser les déficits, c'est même l'inverse : nous les diminuons. Et heureusement que nous le faisons : ceux qui acceptent de nous prêter à bon marché, alors que d'autres connaissent des taux très élevés, pensent que nous sommes capables de faire face aux échéances dans de bonnes conditions, sans devoir, le jour venu, mener une politique d'austérité contradictoire avec le nécessaire développement de l'activité et de la richesse.

Dans la période actuelle, la bonne politique pour la France, comme pour beaucoup d'autres pays, est la maîtrise et la réduction des déficits, pour maîtriser sa dette. Et toute la subtilité lors des dernières années a consisté à le faire dans des conditions qui ne soient pas trop strictes, et donc contraires à la reprise de la croissance.

C'est ce que nous avons fait depuis 2014, et qui est parfois critiqué : c'est normal, nous avons sciemment repoussé d'un ou deux ans l'échéance de l'objectif de réduction des déficits sous le seuil de 3 % du PIB, en concertation avec les autorités européennes, car ce rythme de réduction nous paraissait compatible avec la reprise de l'activité. Ce n'est pas la seule raison, mais depuis que ce rythme de réduction des déficits est un peu moins fort, nous avons vu la croissance reprendre ; à 1,2 % ou 1,3 % en 2015, à 1,5 % cette année, et nous verrons ce qu'il en sera l'année prochaine, mais nous connaissons des niveaux de croissance plus élevés. C'est un équilibre subtil, nous pouvons à chaque fois contester, penser qu'il faut freiner plus ou au contraire accélérer. C'est la complexité de cet équilibre macroéconomique et de l'utilisation des finances publiques et de la dette qui nous permet aujourd'hui de retrouver un certain équilibre.

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