Intervention de Edith Gueugneau

Réunion du 22 juin 2016 à 16h15
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEdith Gueugneau :

Il y a une reconnaissance de l'engagement de la France sur ces questions et nous avons beaucoup avancé sur de nombreuses thématiques au cours de ce mandat. Il n'en demeure pas moins nécessaire de réaffirmer notre engagement, concernant en particulier les fonds qui seront alloués au développement.

J'en viens à présent à la rencontre organisée par l'EPF, le 4 mai 2016 à Londres, entre le directeur exécutif de l'UNFPA, M. Babatunde Osotimehin, et onze parlementaires originaires de sept pays européens. Cet échange visait notamment à faire le point sur le soutien financier et politique à l'UNFPA, notamment dans un contexte d'austérité en Europe. En assurant le directeur exécutif de notre soutien, nous avons demandé à l'UNFPA de poursuivre la mise en valeur de ses résultats.

M Osotimehin a rappelé les grandes lignes de l'agenda 2030 et souligné le rôle des parlementaires, qui sont élus par le peuple et approuvent le budget, et se doivent donc de porter un regard critique. Il a appelé les parlementaires européens à renforcer leur plaidoyer auprès des pouvoirs publics, en précisant que l'UNFPA fournira les informations nécessaires pour justifier ce soutien. En effet, nous avons besoin d'avoir des éléments précis, notamment sur le planning familial et la crise humanitaire. En Europe, le soutien apporté aux droits sexuels et reproductifs a été confronté à des défis importants au cours des dernières années. Il convient de rester vigilant quant à la crise des réfugiés, et nous observons par ailleurs un renforcement des partis conservateurs qui sont plus sceptiques sur ces questions. Il est important que les parlementaires puissent intervenir, en particulier à l'Assemblée nationale, et faire passer des messages sur ces questions ; à cet égard, il serait intéressant de diffuser largement le compte rendu de cette réunion de la Délégation aux droits des femmes.

Concernant l'aide au développement, certains pays comme la Suède observent que les pays donateurs reçoivent beaucoup de demandes sur des problèmes très larges, et le gouvernement suédois est aujourd'hui confronté à la difficulté de se focaliser sur un sujet. Je partage cette volonté de se recentrer sur une thématique importante, comme les droits sexuels ou reproductifs, et les parlementaires doivent être en capacité de porter ce message.

Concernant l'Autriche, les conséquences de la crise des réfugiés ont été évoquées. Le budget pour le développement 2017-2020 sera examiné plus tard, et l'issue des débats sur la possibilité d'accroître la coopération est pour le moins incertaine.

En Finlande, des pressions s'exercent en faveur de mesures d'austérité, qui touchent nécessairement les organisations internationales. Les femmes et les filles restent une priorité pour l'aide au développement. Cependant, dans le débat public, la question du financement de l'avortement est toujours controversé.

Concernant la France, j'ai rappelé que 2017 est la dernière année de cette législature, en soulignant la nécessité que notre pays puisse affirmer son engagement pour le développement sur le plan budgétaire, avant les élections prévues l'année prochaine. J'ai rappelé également l'implication de la Délégation aux droits des femmes sur ces questions, et je salue à cet égard l'organisation prochaine d'un colloque sur les femmes et l'aide publique au développement, en présence notamment de M. André Vallini, secrétaire d'État chargé du Développement et de la Francophonie.

Au Portugal, le budget du développement est faible en raison de la crise, et il y a peu de chances que cela change au cours des prochaines années. Des avancées sont néanmoins intervenues concernant l'avortement et les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Concernant par ailleurs l'avortement, une membre du Parlement européen a souligné que les initiatives des mouvements anti-choix se sont répandues.

Le directeur exécutif de l'UNFPA a souligné qu'au-delà des enjeux financiers, la dimension politique constitue un aspect important de la contribution européenne au développement international. Cette rencontre a été l'occasion de mettre en exergue les objectifs suivants : susciter la mobilisation de davantage de parlementaires masculins ; ne pas se contenter d'adopter des déclarations sur les objectifs de développement durable, mais aussi veiller à leur mise en oeuvre ; renforcer les échanges entre les parlementaires et avec le Parlement européen, mais aussi au-delà de l'Europe, en vue d'accélérer les progrès dans ce domaine ; soutenir les budgets liés aux droits sexuels et reproductifs.

Enfin, je me suis rendue à Copenhague, du 17 au 19 mai 2016, pour participer à la conférence mondiale Women Deliver, qui visait à promouvoir une approche du développement durable centrée sur les droits des femmes et la protection de leurs droits sexuels et reproductifs. Il s'agissait du plus grand rassemblement mondial de femmes depuis dix ans : environ 5 000 acteurs et actrices de la société civile et associative, issus de 168 pays, étaient présents, avec la participation de parlementaires mais aussi de grandes entreprises comme Ford. La princesse héritière du Danemark est intervenue lors de la séance plénière d'introduction, en soulignant que « nous partageons toutes et tous la même conviction : les femmes et les filles sont indispensables à la constitution de sociétés et de communautés saines, prospères et durables » et qu'« investir pour les femmes et les filles profite à l'ensemble de la société ».

De nombreuses conférences très intéressantes ont été organisées et j'ai pu participer à plusieurs ateliers. Les conclusions de ces débats étaient essentiellement les suivantes : l'éducation des jeunes filles est un enjeu majeur pour faire progresser l'égalité des sexes ; l'impact de la crise économique a par ailleurs été souligné, par exemple en Bolivie ; la question des migrations, qui fragilisent les femmes, a également été évoquée, en vue d'une meilleure protection, ainsi que les crises sanitaires, liées au virus Zika ou Ebola, en Afrique.

Nous avons également évoqué le combat, toujours d'actualité, pour garantir l'accès à la contraception et lutter contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Aujourd'hui, environ 220 millions de jeunes filles et de femmes n'auraient pas accès à la contraception, dont 47 millions décèdent du fait de l'absence de prise en charge. Par ailleurs, on estime à 3,2 millions le nombre d'avortements clandestins pratiqués à travers le monde, l'IVG restant un acte illégal dans un certain nombre de pays, mais ceci pose aussi naturellement la question de l'accès à la contraception.

Un mot enfin sur les moyens de communication : l'ensemble des ONG se mobilisent sur le sujet, car l'accès à internet est très important dans une société connectée.

J'ai tenu pour ma part à souligner l'effort réel de la France dans ce domaine, avec une difficulté liée au saupoudrage des crédits de l'aide au développement sur plusieurs lignes budgétaires, et donc un manque de lisibilité concernant l'effort global, qui traduit néanmoins un engagement important. Avec mes collègues parlementaires, nous serons vigilants quant au prochain projet de loi de finances, qui sera le dernier de cette législature, et au-delà, nous serons mobilisés pour soutenir l'aide au développement.

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