Je voudrais reprendre une formule de Thierry Mariani qui a dit : « ça va être un conflit gelé ». C'est pire qu'un conflit gelé. C'est un conflit qui vient du fonds des âges et qui a une protohistoire. Et pour avoir lu l'ouvrage extraordinaire « Vie et Destin » de Vassili Grossman sur les relations entre l'Union soviétique et l'Ukraine, je peux rappeler que lorsque les armées soviétiques sont de nouveau entrées en Ukraine pendant la Seconde guerre mondiale, elles ont constaté l'horreur, à savoir que des Ukrainiens avaient massacré les Juifs, et cela pèse dans l'histoire et dans les relations entre les Russes et les Ukrainiens. Il y avait certes eu auparavant les déportations faites par Staline avant la guerre, mais le fait est que lorsque les troupes nazies sont entrées en Ukraine, elles ont été accueillies en libératrices. Tous ces éléments sont intégrés dans une psychologie très lourde à porter entre les deux peuples.
Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'absoudre les Russes : je ne suis ni pro-russe, ni pro-américain, mais pro-français. Il s'agit de voir où sont nos intérêts. Mais nous avons fait une série de fautes vis-à-vis de la Russie. Premièrement, il y a eu ces fameuses conclusions du sommet de Bucarest…