Quels sont les dangers courus par le marché de l’emploi ? Ce n’est pas en maintenant les pratiques actuelles, qui concentrent l’effort sur les bas salaires, dans une logique de « smicardisation » et de tiers-mondisation de l’économie française, que l’on prépare l’avenir. La difficulté à « barémiser » le CICE, compte tenu du niveau des charges sociales, montre bien que quelque chose ne fonctionne pas dans la géométrie d’ensemble du système. J’ai du reste trouvé très judicieuses et très honnêtes les remarques de Valérie Rabault à propos des charges sociales pesant sur les salaires au niveau du SMIC.
Au passage, chers collègues, cela souligne combien les propos de Manuel Valls sur la suspension de la directive relative aux travailleurs détachés sont inconséquents. D’abord, il s’agit de gérer sérieusement le pays, monsieur le secrétaire d’État. Aussi conviendrait-il que le Gouvernement nous éclaire sur la portée profonde d’une suspension de directive : s’agit-il d’un propos d’estrade ou cela peut-il avoir des conséquences juridiques ? Ensuite, comme l’a rappelé Valérie Rabault, la réalité veut qu’un travailleur détaché, aujourd’hui, ne coûte pas moins cher qu’un salarié français au SMIC. Je ne dis cela ni pour m’en réjouir ni pour le regretter ; c’est un constat objectif, qui a le mérite de souligner rudement la gravité de nos problèmes structurels. Si le problème ne se situe pas exclusivement ou principalement au niveau de la rémunération, il est dans la structure du marché du travail. La loi El Khomri, évidemment, ne faisait pas le compte et n’était pas à la hauteur de ce débat.