Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, madame la rapporteure générale, chers collègues, le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, autrement appelé prix Nobel d’économie, existe depuis 1969. Il a couronné des études sur la monnaie, sur les échanges internationaux et même sur les théories du développement. Pas un seul ne concernait cette obsession de la classe politique française : le marché du travail. SMIC, RMI, RSA et autres acronymes sont d’abord et avant tout les petits satisfecit pour les ministres qui prétendent trouver des onguents miraculeux mais ne parviennent finalement qu’à réinventer la poudre de perlimpinpin pour défendre les intérêts acquis.
Le théâtre ridicule qui a réglé le débat sur la loi travail nous l’a parfaitement montré. Un mot d’ailleurs à ce sujet : j’ai entendu que, même dans les partis de l’opposition, le relèvement des seuils, le renouvellement de la représentativité syndicale ou encore la défiscalisation des heures supplémentaires posaient problème. Par souci de cohésion politique et pour prendre en compte le contexte, il est temps que les élus politiques suivent le mouvement de la population vers les libertés. Cessons donc d’être les copies apeurées d’une gauche désunie.
De nombreuses théories montrent les conséquences économiques du travail accompli dans les assemblées : le cycle électoral, l’instrumentalisation monétaire, l’accroissement des échanges par l’amélioration des facteurs de production. Aucune d’elles ne peut nous intéresser aujourd’hui, puisque l’absence de courage de la classe politique, depuis quarante ans, a mené la France vers l’étourdissement.
Nous ne disposons pas de marges budgétaires du fait du coût abyssal du grand remplacement et du traitement social du chômage. Nous n’avons aucune liberté monétaire puisqu’aucune partie de nos finances ne nous permet de négocier entre égaux à Francfort. Quant à la flexibilité de l’économie, elle est impossible, tant le matraquage fiscal a déconsidéré les services de l’État aux yeux des Français.
Nous en sommes à l’heure de l’État intrus, un État qui ne sait plus quel est son périmètre – situation politique inédite dont votre génération d’élus porte la responsabilité. Ce n’est pas tant que les administrations interviennent trop ou pas assez, mais, après le désordre imposé par l’idéologie du progrès et la matrice libérale-libertaire, l’État ne sait plus ce qu’il doit faire.
Nous avons donc des ministres qui rabaissent les libertés scolaires sans être présents en séance, des fonctionnaires projetés ministres qui dictent quels festivals sont ou non fréquentables, des ministres qui rejettent le Comité consultatif national d’éthique pour faire plaisir à des lobbies.
Ces mesures, contrairement à ce que pensent les hommes d’appareil, ont une incidence extrême sur la manière dont vous considérez l’économie et sur les orientations budgétaires. Un individu dépendant de l’État, des familles féodalisées, une nation ramenée aux discours idéologiques, et tout le cadre naturel de économie s’effondre. L’Europe sait pourtant cela depuis Aristote et la différence entre l’oikos et la chrématistique.
Le tome I du rapport sur l’orientation des finances publiques commence mal : « L’économie française a pris le chemin d’une reprise solide. » C’était bien la peine de confier à tous les ministres des éléments de langage pour minimiser les implications déjà infimes de la faible surprise – heureuse, certes – de la croissance en 2015 ! Ni les marges ni les investissements ni les réformes structurelles nécessaires ne sont mis en place pour que notre pays retrouve sa stature internationale et le chemin de la solvabilité.
Les 50 milliards d’économies pour les deux ans à venir sont introuvables, tout comme la volonté de mieux gérer les multiples strates administratives. Tout n’est qu’échec dans ce gouvernement : la loi croissance est sans cesse à fignoler, la loi NOTRe est inapplicable, le CICE ne trouve pas son application, et je vous épargne le résumé des conséquences du massacre de notre politique familiale.
Reste une consolation : il ne nous reste peut-être plus qu’un an à supporter une idéologie aussi bornée et un tel suicide économique.
Le 08/07/2016 à 08:09, laïc a dit :
"Nous en sommes à l’heure de l’État intrus, un État qui ne sait plus quel est son périmètre"
J'aimerais bien (ou plutôt je n'aimerais pas..) savoir ce qu'il en serait de l'"Etat intrus" avec le Front national au pouvoir...
Le 08/07/2016 à 08:07, laïc a dit :
Il ne nous reste peut-être plus qu'un an, mais elle sera remplacée par quoi ? Si c'est pour trouver encore pire, l'inquiétude prédomine.
Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui