Monsieur le ministre de l’agriculture, le 2 juillet dernier, je visitais l’exploitation d’un jeune agriculteur, à l’invitation des organisations syndicales agricoles du Cher, pour évoquer avec de nombreux exploitants leurs difficultés. Cet agriculteur, producteur de lait, exploite plusieurs dizaines d’hectares pour nourrir ses bêtes.
Outre un prix du lait qui reste trop bas, les intempéries, conjuguées aux inondations, vont entraîner des pertes considérables. Dans la région Centre-Val de Loire, la perte est bien souvent estimée à plus de 500 euros par hectare, ce qui représente plus de 600 millions d’euros pour l’ensemble de cette grande région agricole. Dans ce contexte de prix trop bas, les conditions climatiques extrêmes mettent en péril de nombreuses exploitations aux trésoreries déjà exsangues.
Nous savons bien qu’à terme, la solution passe par un modèle agricole plus pérenne, avec des prix rémunérateurs, un meilleur partage de la valeur ajoutée au profit des travailleurs de la terre et des procédés respectueux des écosystèmes. Mais face à une troisième année consécutive de mauvaises récoltes nous devons trouver des solutions d’urgence.
Trop de petites exploitations ne sont pas ou sont très mal assurées contre les aléas climatiques. Le choix d’affaiblir progressivement le fonds national de gestion des risques en agriculture par l’extension du secteur assurantiel privé est dangereux pour les exploitations les plus fragiles.
Pour améliorer leur trésorerie, il convient d’accélérer le versement des soldes de primes 2015 de la politique agricole commune – PAC –, encore bloqués à ce jour, et de procéder dès maintenant au versement de 80 % des aides de l’année 2016.
Il s’agit aussi de demander au secteur bancaire qu’il assure un véritable soutien en transformant les dettes de court terme en dettes de moyen terme, voire en accordant une année blanche pour le remboursement des emprunts.
Enfin, il faut revenir à une véritable mutualisation de la couverture des risques associant l’État, le secteur agroalimentaire, la grande distribution et le secteur assurantiel et bancaire agricole. Il faut immédiatement ouvrir le bénéfice des fonds de gestion de crise au niveau de l’Union européenne.
Monsieur le ministre, le monde agricole attend ces réponses concrètes pour pouvoir s’en sortir.