Déposé le 17 octobre 2012 par : M. Gaymard, M. Chartier, M. de Courson.
A l'alinéa 11, après le mot :
« euros »,
insérer les mots :
« , au compte d'affectation spéciale « Engagements en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique » dans la limite de 15 millions d'euros, ».
La forêt française souffre de sous-investissement et de la hausse des coûts de la main d'œuvre. Le maintien des surfaces boisées occulte les graves difficultés auxquelles est confrontée la filière forestière. Le produit de la vente du bois, qui décroît alors que le coût du travail croît, ne suffit plus à couvrir les coûts d'exploitation de la forêt.
Sans soutien, l'offre de bois et les surfaces forestières exploitées risquent de diminuer, alors que le bois est incontournable dans le développement des énergies renouvelables et de la rénovation thermique des bâtiments. Cet état est d'autant plus dommageable que seule une gestion à la fois durable et dynamique de la forêt permet de combiner écologie et économie, et la préservation de la biodiversité avec une production sylvicole suffisante.
La forêt a trois fonctions indissociables, une fonction économique, une fonction écologique et une fonction sociale. La fonction économique est aujourd'hui rémunérée quoique imparfaitement par la vente du bois, alors que la fonction écologique n'est pas ou peu rémunérée.
Cet amendement oriente vers la forêt la partie non encore attribuée du produit de la mise aux enchères des quotas d'émission de gaz à effet de serre, afin de rémunérer son rôle écologique, qu'il s'agisse de séquestration du carbone mais aussi de préservation de la biodiversité.
En effet, le cours du quota de CO2 pour l'année 2013 est d'environ 8 €/t, et il est très probable que ce cours augmente sous l'effet de diverses mesures prises ou en préparation par la Commission européenne. La quantité de quotas estimée à la vente est de l'ordre de 80 millions de tonnes annuelles. 590 millions du produit de cette vente sont affectés à l'Agence nationale de l'habitat. Cet amendement propose que le surplus, estimé à 50 millions d'euros, soit investi dans des projets de développement forestier. Le compte d'affectation spéciale « Engagements en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique » est un outil approprié pour porter ces projets de développement, l'amendement propose donc de ne pas le supprimer mais de l'adapter.
Cette nouvelle disposition législative sera d'un coût nul pour les ressources de l'État : seul le surplus potentiel et non encore attribué de la vente des quotas de CO2 sera versé au fonds pour la gestion durable de la forêt. Cet amendement, en consacrant des moyens financiers à l'investissement durable en forêt, permettrait de donner un signal positif à l'ensemble de la filière et contribuerait à relancer l'investissement sylvicole.
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