Enfin, il y a une dimension économique : gaz, pétrole et charbon – même si ce dernier est peu consommé dans notre pays – sont importés ; leur achat coûte à la France et pèse lourdement sur notre déficit commercial : ainsi, en 2015, le déficit énergétique français était de 40,1 milliards d’euros, mais il avait même atteint 54,6 milliards d’euros en 2014.
Si, demain, le cours du dollar et ceux des matières premières devaient flamber, ce déficit ne manquerait pas d’exploser. Pour tendre vers une décarbonisation de notre mode de vie et de notre économie, il faut une vision claire, une action publique forte et de la constance dans l’action. Pour autant, mieux vaut éviter l’écologie voire l’idéologie, parfois verbeuse.
Pour aller dans le sens souhaité, il faut agir sur trois leviers. Premièrement, nous devons substituer les énergies fossiles là où et lorsque cela est possible : dans les systèmes de transport – voitures électriques, électrification des lignes de train –, dans le logement, dans le tertiaire avec des pompes à chaleur, et dans l’industrie, où tant de choses peuvent être faites.
Deuxièmement, nous devons consommer mieux et consommer moins, en isolant les logements – je reviendrai sur ce point –, en renouvelant le parc automobile et les vieilles chaudières, bien trop nombreuses en France, ainsi qu’en développant les réseaux électriques intelligents, ou smart grids, un domaine dans lequel la France a plutôt du retard.
Troisièmement, nous devons produire de l’électricité renouvelable ou à base d’énergies propres, en grande quantité, sous réserve de ne pas oublier les deux questions essentielles, celle du coût et celle de la constance de l’approvisionnement.
S’agissant du quinquennat qui s’achève, madame la ministre, que dire de son bilan en matière énergétique ? Oui, il y a des éléments positifs, parmi lesquels l’apparition de la notion de transition énergétique, l’esquisse – et même davantage qu’une esquisse – d’une politique d’isolation des logements, l’élaboration de normes volontaristes ou le premier cadre donné à l’autoconsommation électrique.
En revanche, pour ce qui concerne les smart grids, je l’ai dit, nous sommes en retard. En matière de production d’énergies renouvelables – ENR –, l’avancée est réelle, mais trop modeste par rapport à d’autres pays. Nous avons beaucoup vécu sur l’héritage de l’hydroélectricité française et des décisions prises par vos prédécesseurs, notamment en matière d’hydroliennes.
Clairement, madame la ministre, votre Gouvernement a été décevant. Il aurait pu, il aurait dû faire plus et mieux. En revanche, vous auriez dû faire moins sur la remise en cause de la filière nucléaire française…