Intervention de Pierre Lellouche

Séance en hémicycle du 17 janvier 2017 à 15h00
Statut de paris et aménagement métropolitain — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

À l’image des autres grandes métropoles du monde, Paris cherche depuis longtemps un cadre institutionnel adéquat, à la fois démocratique et efficace, pour l’avenir des 12 millions d’habitants de sa région.

Ce premier pôle économique et culturel de la France, cette vitrine de notre pays, le coeur de notre vie politique, aurait mérité une grande réforme. Malheureusement, la nouvelle lecture du projet de loi relatif au statut de Paris confirme que nous nous trouvons plutôt face à une occasion ratée.

Pour le comprendre, il suffit d’apprécier ce texte à l’aune de quatre questions. Ce texte améliorera-t-il réellement la coordination entre la ville, la région et la métropole, ainsi que les synergies entre ces différentes structures ? La ville sera-t-elle mieux administrée, au plus près des habitants ? Aurons-nous une meilleure démocratie locale, plus vivante, plus efficace ? Alors que des menaces nouvelles pèsent sur notre pays et notre ville, cette loi permettra-t-elle d’accroître la sécurité des Parisiens ?

À toutes ces questions, malheureusement, la réponse est négative, puisque nous avons au final un texte bricolé en fin de législature, examiné, on ne sait pourquoi, en procédure accélérée, sans réflexion d’ensemble et qui n’accouche en définitive d’aucune réforme de fond. Ainsi, le millefeuille administratif, très coûteux en différentes structures, est toujours là. Trois structures concurrentes existent, dont on voit mal comment elles vont s’organiser à l’avenir. Pourquoi sommes-nous incapables de définir des mécanismes simples, économiques, et à la hauteur des problèmes auxquels 12 millions d’habitants sont confrontés ?

Il en va de même concernant les relations entre la mairie centrale et les mairies d’arrondissement : comme l’a dit tout à l’heure Nathalie Kosciusko-Morizet, tout ce qui a été suggéré par les députés et sénateurs républicains a été jeté aux orties. Plus que jamais, l’administration de la ville sera centralisée et soumise à la politique autoritaire et autiste de l’actuelle maire de Paris.

Quant aux ambitions de démocratie locale et de proximité, elles sont repoussées aux calendes grecques. On se contente d’amuser la galerie par des conseils de quartier. Cette politique de pots de fleurs et de micro-aménagements ne répond nullement aux problèmes rencontrés par les habitants.

Enfin, les mesures en matière de sécurité ont été bâclées : elles se résument à la création d’une sorte de sous-police des incivilités.

En vérité, ces modestes aménagements masquent mal l’objectif premier de ce nouveau statut parisien, à savoir la création d’un secteur unique au service des ambitions politiques de la maire de Paris. Je regrette que M. Mennucci se soit absenté, car j’aurais aimé revenir sur la comparaison établie tout à l’heure entre Paris et Marseille. Marseille compte seize arrondissements et huit secteurs, il existe des binômes : le schéma est cohérent. À Paris, on ne créera qu’un seul secteur et on ne touchera pas aux autres arrondissements. J’avoue ne pas comprendre pourquoi vous défendez cette disposition, si ce n’est pour servir les ambitions politiques de Mme Hidalgo.

D’ailleurs, un fait est particulièrement révélateur : pendant que nous examinons ici ce projet de loi, la maire de Paris continue imperturbablement, semaine après semaine, à pratiquer les oukases en menant, en quelque sorte, une politique de l’artichaut : chaque semaine, elle sème au gré du vent une nouvelle feuille d’artichaut en informant a posteriori les Parisiens, les Franciliens et même le Gouvernement des nouvelles initiatives qu’elle prend.

Cette pratique est particulièrement spectaculaire en matière de circulation : au nom de la lutte contre la pollution de l’air, qui s’est malheureusement aggravée, on va fermer les voies sur berges, puis on annonce la mise en place de vignettes, la création de lignes de bus sur les quais hauts et de pistes cyclables sur la rue de Rivoli, l’interdiction de la circulation sur la place du Carrousel et sur un certain nombre de places parisiennes, une politique de matraquage en matière de stationnement… Tout cela est décidé sans que personne ne soit au courant – ni les Parisiens, ni les banlieusards, ni même le Gouvernement, qui est informé a posteriori. Ces mesures, qui vont rendre la vie impossible aux Parisiens, sont prises sans la moindre étude d’impact, ni sur les conséquences économiques, ni sur les conséquences en matière de qualité de l’air.

Mes chers collègues, il ne s’agit pas ici de modifier le plan de circulation d’une petite ville de province.

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