Intervention de Yves Foulon

Séance en hémicycle du 25 juillet 2012 à 15h00
Traité france-afghanistan d'amitié et de coopération — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Foulon :

Lors du sommet de l'OTAN des 20 et 21 mai à Chicago, nos alliés, mis brutalement devant le fait accompli, ont pris acte du retrait d'ici la fin de l'année des forces combattantes. Nous maintiendrons néanmoins une présence française militaire en 2013, afin de permettre la mise en oeuvre logistique du retrait des matériels, et nous poursuivrons jusqu'en 2014 la mission de formation des forces afghanes dans le cadre de la FIAS.

Le calendrier gouvernemental prévoit donc d'ici à la fin 2012 le retrait de 2 000 hommes. Il restera donc sur le terrain 1 400 hommes. Quatre cents seront affectés au sein des états-majors de la coalition, à la protection de l'hôpital militaire de Kaboul, et à la poursuite de la formation dans les écoles militaires afghanes ; les 1 000 autres seront chargés du désengagement logistique.

Officiellement, les experts civils et militaires français présents en Afghanistan bénéficient d'un statut protecteur identique à celui accordé aux experts par l'article VI de la convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies du 13 février 1976. Je reste néanmoins perplexe sur la capacité de l'armée afghane à protéger nos compatriotes civils ou militaires après le départ de nos troupes combattantes. Pouvons-nous leur faire confiance ? Les familles de nos soldats et experts nous demanderont des comptes si, par malheur, nos nouveaux amis devaient être défaillants.

Il y a dix jours, le ministre de la défense, M. Le Drian, en visite au Kazakhstan et en Ouzbékistan, a arrêté les modalités du retrait de notre armée avec les autorités politiques de ces pays. Le désengagement français d'Afghanistan est déjà effectué à hauteur de 20 %. La France a décidé de se désengager par le nord, estimant la route du sud menant au port de Karachi, au Pakistan, par trop incertaine.

Pourquoi Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, a-t-il souhaité ce traité d'amitié et de coopération ? Principalement parce que les défis auxquels l'Afghanistan devra faire face ces prochaines années sont immenses. Il faut assurer la stabilisation institutionnelle de ce pays. La corruption est profondément ancrée dans le système afghan. La drogue est malheureusement un pilier de l'économie. La société est fragilisée par les guerres. Selon l'UNICEF, un enfant sur cinq meurt avant l'âge de cinq ans.

La France, forte de sa grande expertise dans le domaine agricole, s'engage également aux côtés des Afghans pour les aider à développer leur agriculture. La place des femmes est un sujet délicat dans ce pays : nous nous souvenons des campagnes de sensibilisation au début des années 2000, époque où les petites filles qui se mettaient du vernis à ongles étaient amputées de la main… La France cherche toujours à rayonner, en défendant les droits de l'homme, mais aussi via la francophonie.

Pour conclure, je voudrais évoquer l'aspect financier de ce traité. Je suis surpris que le ministre des affaires étrangères ait annoncé lors de la conférence de Tokyo une faible augmentation de l'aide bilatérale de la France à l'Afghanistan. L'aide annuelle moyenne, de 40 millions d'euros, passe ainsi à 50 millions d'euros. Est-ce suffisant pour aider l'Afghanistan ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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