La force de la République est d'avoir inventé un sacré républicain, que vous voulez abattre. Le mariage civil constitue également un atout en France, puisqu'il peut figurer un moment très fort de l'intégration, quand des personnes de religions différentes ou d'origines différentes se marient à la mairie parce qu'elles en ont fait le choix – à supposer qu'elles l'eussent. En modifiant le mariage civil, vous le dévalorisez, car il n'aura plus le même sens demain. Il en est ainsi : vous affaiblissez ce moment puissant d'intégration que la République offrait jusqu'alors.
Permettez que l'on discute encore de ce texte, tant il est grave, tant le moment est particulier, tant le mariage civil est en France une institution forte que nous n'acceptons pas de voir défaire aussi rapidement que vous le souhaiteriez. J'ai dit – mais j'assume cette expression quand bien même elle a pu surprendre certains d'entre vous – que votre manière de faire, mesdames les ministres, était un coup d'État législatif. Regardez donc les débats : voyez cette extorsion de votes que vous avez organisée au Sénat !
Vous avez ensuite organisé la syncope du temps parlementaire, pour les raisons de calendrier évoquées par M. Christian Jacob, mais sans doute aussi parce que vous perdez, comme je l'ai démontré, le soutien des Français. La Conférence des présidents avait défini un calendrier il y a huit jours, où il n'y avait pas l'ombre de ce projet avant la dernière semaine du mois de mai au moins.