Je crois pouvoir dire sans trop m'avancer qu'après deux mois et demi d'auditions, vingt-cinq heures de travail en commission, cent dix heures de débat dans cet hémicycle et cinquante heures de débat au Sénat, celles et ceux qui nous regardent, à la télévision ou dans les tribunes du public, doivent penser que les meilleures interventions sont les plus courtes. J'essaierai donc d'être bref, car dans ce débat, nous avons déjà identifié très largement les oppositions.
Ce qui m'étonne – mais cela ne m'a pas totalement surpris de la part de notre collègue Mariton –, c'est que l'opposition a toujours recours aux mêmes annonces de faillite, de décadence et de crise généralisée. Dans le mouvement d'opposition à l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, j'ai l'impression que ce type de discours a été la règle. L'argumentaire apocalyptique a toujours été l'un des fondements du discours homophobe.
Pour mémoire, je veux citer quelques propos tenus dans cet hémicycle à une époque pas si lointaine, qui pourraient vous faire réfléchir : « Contre l'intérêt général, vous avez cédé à la pression d'un groupuscule. L'engrenage est irréversible ; or, pardonnez-moi, cet engrenage-là est celui de la décadence. Il n'y a pas de honte, madame la garde des sceaux, à refuser la décadence ! » Ces propos sont ceux de Philippe Houillon.
Quant à celle qui reste la plus célèbre des opposantes au PACS, et que je ne nommerai pas, elle déclarait : « Inféconde par nature, l'homosexualité ne répond pas aux critères démographiques et éducatifs qui fondent les devoirs de l'État. Toutes les civilisations qui l'ont reconnue et justifiée comme un mode de vie normal ont connu la décadence. » Nous sommes donc en décadence !
Vous le savez, le PACS est devenu l'une des formes de conjugalité les plus prisées des couples hétérosexuels, qui composent aujourd'hui la majorité écrasante des couples pacsés. Vos annonces de faillite et de crise généralisée n'ont jamais été confirmées par les évolutions sociales. Cette fois, ce sera la même chose : une fois votée, cette loi rentrera dans les moeurs et sera considérée comme une avancée en termes d'égalité, et je m'en félicite.
Je rappelle également que la volonté des hommes et de leurs représentants est le fondement de la loi dans un État laïc. Il n'existe pas d'ordre symbolique ou de loi naturelle qui devrait s'imposer au législateur : voilà ce qui nous distingue dans la manière dont nous envisageons la vie en société et le contrat social.
Pour conclure, ce qui m'a profondément heurté dans l'intervention de notre collègue Mariton, c'est sa référence à l'article 16 bis. Nous en avons discuté en première lecture, et nous en avons de nouveau discuté en commission. Il est vrai que le Sénat a modifié la formulation de cet article et que, se référant aux travaux réalisés dans le cadre de la loi contre le harcèlement sexuel – texte que nous avions voté à l'unanimité dans cet hémicycle –, il a introduit la possibilité de faire valoir son orientation sexuelle pour s'opposer à une mutation professionnelle. Monsieur Mariton, vous interprétez cette avancée comme une obligation de coming-out.