Au nom de l'idée d'une prétendue égalité, vous bouleversez le droit de la famille, opérant ainsi ce que vous avez qualifié, madame la garde des sceaux, de « tournant de civilisation ». Ce tournant, qui suscite de nombreux questionnements quant à ses conséquences, vous et votre majorité le négociez seuls, fermés à tout dialogue, hermétiques aux millions de Français et aux parlementaires qui vous disent depuis des mois que votre texte n'est pas le bon et que votre méthode est ravageuse. Coûte que coûte vous avancez, déterminés envers et contre tout à faire adopter votre réforme au mépris des droits du Parlement, des droits de l'enfant à avoir un père et une mère.
Nous avons cherché les moyens de dire oui à une avancée, les moyens de trouver une voie de consentement mutuel. C'est le sens de notre proposition d'alliance civile, à même d'introduire dans notre droit une réponse adaptée à des couples de même sexe qui souhaitent offrir un cadre juridique à leur relation privée pour une sécurité accrue et pour une reconnaissance sociale. Cette alliance civile, qui entraînerait des conséquences proches du mariage excepté la filiation et l'adoption, vous n'en avez pas voulu, lui préférant le mariage en ce qu'il emporte l'adoption et la filiation.
Là est la véritable question : celle de l'enfant.
Vous placez la liberté des adultes en priorité ; pour nous, la priorité, c'est l'enfant. Dire oui au mariage de couples de même sexe, c'est dire oui à l'adoption, à la PMA et sans doute à la GPA. Loin d'être un point d'arrivée, votre texte est en effet un point de départ et certains membres du Gouvernement ne s'en cachent pas, tout comme le rapporteur, qui affirme en effet que la deuxième étape de votre réforme, c'est l'ouverture de la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes. Quant à la GPA, le Gouvernement affirme la main sur le coeur qu'il ne l'acceptera jamais. Mais on le sait : pour les socialistes, « jamais » veut dire « demain ».